Gilles Favier - Jusqu'ici tout va bien...

Photos du tournage de La Haine. Dans le cadre du festival Photo Marseille

Scénario en mains, Gilles Favier documente le tournage de La Haine, dans la cité de la Noé à Chanteloup-les-Vignes. Loin du traditionnel making-off, il arpente les rues du quartier en s’éloignant de la caméra. Les images qui en résultent ne sont pas un décalque de celles du film. Elles sont aspirées vers un hors-champ dans lequel se révèle la cité, ses habitants et, au milieu de tout ça, le cinéma se faisant. Cette exposition, en redonnant une épaisseur sociale à la fiction, acquiert évidemment une portée politique. En montrant l’attitude des habitants du quartier, les regards portés sur l’équipe de tournage, les grands espaces vides jonchés d’éléments de mise en scène, elle ramène l’œuvre a ses conditions de production. Surtout, elle témoigne d’une époque où les violences policières n’étaient visibles que par leurs stigmates, qui s’affichaient sur les écrans de télé : des visages tuméfiés, des portraits de défunts, des noms récurrents sur des banderoles. Aujourd’hui, les images de ces violences affluent sur les réseaux sociaux et les chaînes d’info en continu. Le problème de la fabrication de ces images, et de leur fonction dans une démocratie se pose avec une acuité plus grande encore. Qu’est-ce qui a changé depuis 25 ans ? 


Le ZEF, Scène nationale de Marseille - Merlan
Jusqu'au 30/06 - 1h30 avant et après les spectacles
Entrée libre
http://www.photo-marseille.com/
Avenue Raimu
13014 Marseille
04 91 11 19 20

Article paru le mercredi 24 novembre 2021 dans Ventilo n° 455

Jusqu’ici tout va bien de Gilles Favier au Zef

De la ZEP au ZEF

 

Dans le cadre du tentaculaire festival Photo Marseille organisé par Christophe Asso, le photographe Gilles Favier prend la relève de Yohanne Lamoulère dans le hall du Zef pour une exposition en accès libre autour du film culte La Haine.

    Pour les vingt-cinq ans de la sortie du film, le Zef accueille Gilles Favier, photographe alors présent sur le tournage, qui présente une série de clichés intitulée Jusqu’ici tout va bien. Entre coulisses, tournage et vie du quartier de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, on y retrouve tout l’univers du tournage. Comme en témoignait la salle comble lors de la diffusion du film, introduit par Mathieu Kassovitz depuis son salon le soir du vernissage, le 8 novembre dernier, l’impact du film est toujours aussi puissant. Premier ou centième visionnage, l’engouement du public semble intact. Les photographies de Gilles Favier reflètent parfaitement la force du film, tant à travers les habitants de la cité qui a servi de décor qu’au niveau de l’ambiance du tournage. Le photographe s’était alors immergé pour « ressentir » le lieu, passant plusieurs semaines à Chanteloup-les-Vignes à la demande du réalisateur. Ce qui a permis de créer un lien avec ses futurs sujets et une confiance réciproque qui se ressentent dans ses portraits puissants et emplis d’humanité. Au moment des prises de vue, Gilles Favier ne pouvait se rendre compte du destin exceptionnel que le film aurait, mais son travail — à la fois documentaire et artistique — s’avère aujourd’hui extrêmement complémentaire du film. Notons également que, vingt-cinq ans après, la question des violences policières est plus que jamais d'actualité et La Haine en demeure toujours l’incarnation.  

Romain Maffi

 

Jusqu’ici tout va bien : jusqu'au 30/06/2022 dans le hall d’entrée du Zef (Avenue Raimu, 14e).

Rens. : www.lezef.org

Pour en (sa)voir plus : www.gilles-favier.com