Giuliana Zefferi - D'autres oiseaux marchent eux aussi comme ça

Installation

La pratique de Giuliana Zefferi est celle d’une exploration du geste à travers une histoire des formes et de leurs usages. Engagée au sein de projets collectifs dès 2010, sa pratique questionne de manière intrinsèque les protocoles de co-travail et fait l’objet de nombreuses collaborations. Après deux expositions avec le Palais de Tokyo, elle développe en 2013 à Marseille, invitée en résidence par l’association Astérides, les bases de son travail vidéo. En 2017, elle initie le cycleAprès le geste, le grand dehorsdont le film D'autres oiseaux marchent eux aussi comme ça est issu. Ce projet a été soutenu par le CNAP, la DRAC Ile-de-France, le DICRéAM, Mécènes du Sud et la Fondation des Artistes. En 2020, elle participe aux Révélations Émerige et développe en parallèle avec le collectif W une réflexion plastique et théorique sur le format de l'artothèque.

 

D’autres oiseaux marchent eux aussi comme ça

Giuliana Zefferi s’intéresse à la notion d’uchronie, c’est à dire au fait que l’histoire est histoires, parce que chacune aurait potentiellement pu tourner autrement. Elle fait ainsi l’hypothèse, dans le sillage du réalisme spéculatif, que la réalité pourrait être autre que celle que nous appréhendons, et que ce qui n’est manifestement pas advenu, existe toutefois aussi.
Dans une logique exploratoire, elle se base sur des recherches qui peuvent toucher à l’anthropologie, la préhistoire, la philosophie, la littérature, ou encore la musicologie. Elle développe une pratique transdisciplinaire, qui prend des formes graphiques, sculpturales et vidéographiques et s’attache à préserver la possibilité de réassembler ses œuvres pour générer et multiplier des récits inédits. Elle imagine des environnements conçus comme des espaces de latence, c’est à dire non-productifs, qui favorisent l’observation et l’introspection. Elle y fait coexister des formes sculpturales tangibles, du mobilier, des textes, et des vidéos qu’elle hybride.

 

Au 3 place Félix Baret, l’installation prend une configuration quasi domestique qui induit la possibilité d’une présence à soi. Les sculptures sont des maquettes, envisagées comme des espaces mentaux : salle d’attente, chambre à coucher, des environnements où l’artiste se sent prédisposée à l’introspection et la spéculation, à la faveur d’une insomnie par exemple.
Certaines, conçues en miroir ou érigées, suggèrent la multiplicité des objets. Elles sont réalisées en papier mâché, récupéré dans les services administratifs des lieux d’art avec lesquels l’artiste a travaillé, une manière de sceller leur généalogie, et de les inscrire dans une histoire plus large. Leurs couleurs tranchées fonctionnent comme des repères chronologiques qui correspondent aux différents jours du travail d’atelier.

La notion de temporalité complexe, telle que Giuliana Zefferi l’envisage, dénie le caractère immuable et irréversible du temps, un énoncé qui influence son travail lui-même.
Les récits plastiques qu’elle compose nous invitent non seulement à expérimenter un état d’aperception mais postulent que nous avons une infinie liberté d’imaginer nos futurs.

— Texte : Bénédicte Chevallier

Mécènes du Sud chez Alain Isnard
Du 9/09 au 9/10 - Lun-ven 10h-12h & 14h-17h
Entrée libre
www.actoral.org
3 place Félix Baret
13006 Marseille