Mario Melis - Is This Heaven

Mario Melis développe sa pratique du dessin, du tatouage, de la peinture, de la sculpture et de l’édition à partir d’un travail de collecte d’images, analogiques et digitales. Ces images sont archivées dans des classeurs qui tiennent à la fois du support de recherche, de l’outil bureautique et de l’objet fétiche. L'étendue des motifs qu’elle extrait de multiples sources, parmi lesquelles se trouvent des journaux papier ou des blogs, embrasse plusieurs sujets liés à la féminité, aux subcultures et à l’apprentissage. Ce corpus iconographique en expansion décrypte les rapports de domination qui les touchent.
Elle revient sur l’apprentissage culturel et social de la féminité en récoltant des images stéréotypées qui mettent en évidence des processus d’identification. La pornographie occupe une place importante dans son corpus, pour l’impact qu’elle a sur sa vie et plus généralement pour son rôle dans la construction du sujet féminin. Dans cette mémoire visuelle, hantée par l’esthétique des années 1990, se trouvent des illustrations archétypales à destination des jeunes filles, comme celles de la mangaka Miwa Ueda qui jouxtent des images de démonstration de poupées hyperréalistes en silicone.

Mario Melis remet en circulation ces images au sein d’espaces d’exposition dédiés et sur les peaux de celles et ceux qu’elle tatoue. Ses œuvres et ses interventions s’inscrivent dans un projet manifeste, qui tend à convoquer des outils pour repenser les mécanismes d’objectification, se réconcilier avec ses perceptions et ainsi maîtriser les rapports de prédation.

Elle prend comme point de départ le roman d’Henry Darger The Story of the Vivian Girls in What is Known as the Realms of the Unreal, of the Glandeco-Angelinian War Storm Caused by the Child Slave Rebellion. Ce récit, qui a occupé l’écrivain pendant presque trente ans, entre 1910 et 1930, et qui se poursuit dans ses dessins, relate de l’éternel combat qui oppose les « Vivian Girls » et les forces du mal détenues par les adultes. Alors que la douceur et l'inoffensivité sont des qualités encore requises pour se construire en tant que filles, la socialisation des garçons passe par la violence, comme divertissement et mode d'expression toléré. Ce paradoxe de l’apprentissage souligne le manque d’initiation des enfants à l’inévitable culture de la violence pour se former aux situations de brutalités auxquelles ils s’exposent.

Dix armures, réalisées en aluminium et textile, reconstituent une petite armée dans la lignée des scènes de batailles dépeintes par Henry Darger. Pour la composition de ses sculptures, elle associe plusieurs typologies d'accoutrement. Elle emprunte des modèles traditionnels de robes à smocks froncées avec leurs motifs Liberty ainsi que des équipements de protection, dont des plastrons de défense et des gilets Moto Cross et équestres. A cette installation s’ajoutent des dessins transposant des images naïves ainsi que des classeurs de l’artiste, livrant une partie de sa réserve iconographique.

Tous ces procédés de réappropriation viennent désamorcer les principes fondamentaux du monde de l'art que sont la paternité et l'authenticité de l’œuvre. Parmi ces pratiques, figurent le fanart et le cosplay qui disséminent des méthodes fécondes guidant Mario Melis dans son processus créatif. Elle puise dans ces stratégies d'absorption de matières préexistantes pour se façonner des outils d’auto-éducation et imaginer des modes de confrontation à des situations d'oppression désarmantes. Alors que l’on apprend à s’imposer des limites pour se prémunir de la menace de la violence, que seule l’autodiscipline semblerait éloigner, il est des récits qui nous invitent à résister à la brutalité et au déni social de cette réalité.
Texte écrit par Lila Torquéo

Finissage :

★BABYCHARLY3K★ 

@pleasedonottouchmag du groupe Planet 1999 (Pc Music), y3k bubblegum digital shoegaze

★SALOME★ 

@salome_update live

★DUA LITY★ 

@dua___lity Girl-Boss Step Core