Marseille Ville Rock
"Marseille, ville rock (1956-1980) - Du rock à Marseille au rock marseillais". L'originalité de cette exposition repose sur la présentation d'objets appartenant aux Marseillaises et aux Marseillais. L'inauguration de l'exposition se fera en musique, samedi 8 octobre à 17h.
L'exposition se déploie sur 4 périodes :
- Les pionniers (années 60)
Le rock'n roll gagne Marseille en 1956
Pop rock de 1962 à 1966
Rhythm'n blues en 1964 - L’influence pop (années 60-70)
Pop psyché de 1967 à 1973
Blues rock en 1974
Rock fusion - La génération Woodstock (années 70 - 80)
Rock progressif
Hard rock
Rock déjanté - Le tournant des années 70
Punk et proto punk
New wave
Rock marseillais
Le rock : un peu d'histoire
Considéré dans un premier temps comme une musique diabolique qui envoûte les corps et les esprits pour corrompre la jeunesse, puis mouvement émancipateur combatif et revendicatif, en France, le rock, dès le début des années 60, apparaît d’abord comme un nouvel engouement exotique qui ne durera pas plus que toutes les autres manifestations à la mode.
Très vite opposé aux vieux dogmes et protagoniste essentiel dans la remise en question de l’ordre établi, le courant musical porte les espérances de toute une jeunesse (pacifisme, anticapitalisme, liberté des peuples, élévation spirituelle) et se nourrit de ces énergies de révoltes et du besoin de changement pour devenir une force de résistance et d’émancipation contre toute forme de carcans culturels ou politiques ainsi que le théâtre de bouleversements majeurs.
L’appel à témoignage
Populaire et participatif, le rock a touché plusieurs générations depuis son essor dans les années 50. La bibliothèque a ainsi lancé un appel à participation aux Marseillais pour recevoir leurs témoignages et prêts d’objets, en lien avec les concerts de rock à Marseille des années 1956 à 1980.
L’Alcazar, ancien music-hall
Cette bibliothèque, populaire et très fréquentée, est l’écrin idéal propice à la présentation de cette rétrospective. Parce que dépositaire d’un fonds d’archives musicales inestimables conservées depuis 20 ans, parce qu’en son sein le Département Musique (137 000 documents dont 87 000 en libre accès, livres, CD, DVD, vinyles, partitions et périodiques), protège, sauvegarde et prête un Fonds rock remarquable de 23 000 documents dont 20 000 CD et 630 vinyles et 720 partitions répartis en rock, métal et hard rock, punk, rockabilly et rock français.
Bibliothèque L'Alcazar
Du 8/10 au 31/12. Mar-sam 13h-19h
Entrée libre
https://www.bmvr.marseille.fr/
58 cours Belsunce
13001 Marseille
04 91 55 90 00
Article paru le mercredi 26 octobre 2022 dans Ventilo n° 471
Marseille, ville rock à la bibliothèque L’Alcazar
Enjoy the silence
Juste après l’interdiction de la Rue du Rock, vient d’être inaugurée à l’Alcazar l’expo Marseille, ville rock. Dans la cité phocéenne, le rock, c’est sur les murs, pas dans la rue…
En 2014, le Carnaval de la Plaine avait été sévèrement réprimé. Cette année-là, le Mucem consacrait une expo à la gloire des… carnavals ! N’assisterait-on pas à un remake ? Fin septembre devait se tenir la Rue du Rock, rendez-vous mythique où des dizaines de groupes envahissent la rue Consolat. Mais, pour des raisons de « sécurité », la préfecture dira « niet ». Et voilà qu’est inaugurée en grande pompe l’expo Marseille, ville rock à la bibliothèque de l’Alcazar. Oui, ce lieu où le mot d’ordre, c’est « silence » ! Dans la cité phocéenne, le rock, on l’aime sur les murs, pas dans la rue. Et en version patrimoniale, car l’expo n’évoque ce genre musical que jusqu’en 1980. On est accueilli par une affiche de Rocky Volcano((Chanteur de rock né à Marseille en 1935, auteur du premier 45 tours « officiel » du rock marseillais, Comme un volcan, en 1961)), à côté d’un costard des Korrigans, et l’on apprend que le rock aurait débarqué à Marseille en 56. Bref, au-delà de quelques anecdotes (comme l’évocation de Henri Cording, alias Henri Salvador), ça sent la naphtaline. Et l’auto-promo. Car, passé une vitrine où dorment deux guitares, on arrive devant un mur entier consacré au groupe Quartiers Nord. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, puisque le commissaire de l’expo n’est autre que Robert « Rock » Rossi, le fondateur du groupe. Au troisième étage, l’auto-promo continue, avec des plaquettes commerciales (Quartiers nord, la légende du rock marseillais), le livret de 2001, l’Odyssée de l’Estaque et le premier tome de l’ouvrage Histoire du rock à Marseille, signé Rossi. Pourtant, la conclusion, où est rappelé que « Gaston Defferre s’intéresse à la voile, pas au rock », indique presque là où il faut regarder en citant un article de… 1983 : « Si, en apparence, il ne se passe rien, en réalité, c’est toute une vie grouillante plutôt souterraine que l’on peut rencontrer. » Ne soyons pas injustes : vient de se tenir — avec le soutien de la Ville de Marseille — le festival Skate Punk à… la Friche. C’est vrai que, là bas, les barrières, ça manque pas. En clair, à Marseille, le rock, c’est sur les murs, dans les caves, au loin, mais pas dans la rue…Sébastien Boistel