Oubour | عبور par le collectif Suspended Spaces
Friand d’excursions-résidences, le collectif Suspended Spaces rentre tout juste de sa dernière traversée (d’où le nom de l’expo, « oubour ») qui, partant de Marseille, passant par Alger et poussant jusque précisément dans la reculée vallée du Mzab, elle-même au nord du Sahara algérien, a (re)découvert des paysages, architectures, une histoire, des traditions et, pour beaucoup, un rapport à l’eau bien particulier. Traversés par les oueds, les villages sont soumis à des violentes (et meurtrières) crues qui hydratent tous les quatre à sept ans les Mozabites et la flore locale, réputée pour ses palmeraies. Chacun·e des vingt artistes et deux chercheurs ayant produit au moins une pièce nouvelle, les formats sont très variés, ludiques ou indociles. Comme avec l’installation de Mounir Gouri,
I Am Not a Bougnoule, inspirée d’une canne de cent-trente ans, héritage de son aïeule, qu’il reproduit en plâtre avec la main qui la tenait, la position des doigts irrévérencieuse et sans équivoque ; ou avec les visionneuses rétros d’Elisabeth Leuvrey, qui montrent des archives de cartes postales et des photos du voyage auquel elle n’a participé qu’à distance.
La Vengeance de Lydia Saïdi, une photo qui repeint l’esclave noire effacée de l’orientaliste
Femmes d’Alger dans leur appartement, en bien plus manifeste, couteau au poing, achève de remettre les pendules à l’heure, sonnées par l’urgence de (re)connaître les mouvements et les différences.
MD
> Jusqu’au 22/04 à Art-cade, Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine (1er)