Pour la deuxième année consécutive, l’école des Beaux-Arts de Marseille — INSEAMM met à l’honneur ses diplômé·es (promotion 2023 des DNSEP en art et design) lors d’une vaste exposition collective présentée au 5e étage de la Tour. L’événement, qui réunit une quarantaine d’artistes et designeur·euses émergent·es formé·es à Marseille, est inauguré à l’occasion du vernissage du salon Art-o-rama.
Cette nouvelle édition est orchestrée par Karin Schlageter, commissaire d’exposition indépendante dont les recherches actuelles portent sur les réécritures mythiques comme productrices d’utopies féministes et queer. Récemment pensionnaire de la Villa Kujoyama à Kyoto, au Japon, Karin Schlageter a été invitée par l’école des Beaux-Arts de Marseille — INSEAMM à assurer le commissariat de cette exposition qui présente une sélection d’œuvres et de productions réalisées spécifiquement par les artistes et designeur·euses pour leur diplôme de fin d’études. Peintures, installations, prototypes, vidéos, performances, objets, photographies… prennent place au sein – et peut-être en dehors ! – de l’espace d’exposition, témoignant ainsi de la vitalité de la jeune scène contemporaine.
Assemblées autour d’une narration commune, les pièces présentées conservent toutefois leur singularité et l’esprit de leur auteur·ice, à l’image de cette nouvelle génération créative porteuse d’espoirs communs et de revendications intimes.
Dérapage contrôlé
Dans le flot d’informations qui nous parvient tous les jours, et en particulier dans les médias, un mot revient comme un mauvais refrain : le dérapage. Cette opération langagière diminue la responsabilité des auteur·ices de violences en minimisant la gravité de leurs actes, et contribue ainsi à perpétuer des représentations classistes, sexistes et racistes. Face à la violence du monde, les artistes et designeur·euses réuni·es dans l’exposition opposent à ces faux-dérapages-vraies-fautes une poétique du drift – du dérapage contrôlé. To drift, en anglais, signifie dériver. Et dans l’univers automobile, on dit qu’on fait un drift quand on fait réaliser à sa voiture un dérapage contrôlé. Drifter est ainsi une démonstration d’adresse, une forme de parade.
Le panache caractérise bien cette nouvelle promotion de diplômé·es qui parvient à traduire un très grand sens éthique dans des formes et des pratiques en marge, troublantes, et toujours efficaces. Chacun·e à sa manière vient se situer dans un écart, par glissement sémantique ou excès formel, en s’affranchissant des normes pour imaginer d’autres possibles, empruntant la déviation pour échapper aux voies sans issue.
Avec les artistes
Théo Anthouard – Lily Barotte – Amaria Boujon – Miguel Canchari – Nathalia Golda Cimia – Mahira Doume – Sarah Fageot – Alexandre Fontanié – Louison Gallego – Garance Gambin – Christian Garre – Joséphine Gélis – Milan Giraud – Victor Giroux – Ryan Jamali – Célia Leray – Carla Lloret-Palmero –Miao Luo – Déborah Maurice – Laurence Merle – Manon Monchaux – Azalina Mouhidini – Lolita Perez – Clare Poolman – Justine Porcheron – Adriano Dafy Razafindrazaka – Jeanne Yuna Rocher –Lola Sahar – Oliver Salway – Melisa Yagmur Saydi (melagro) – Hosana Schornstein – Zoé Sinatti –Fabian Toueix – Valentin Vert – Etta Marthe Wunsch – Kylian Zeggane
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Héloïse de Crozet