Sur le thème de la couleur,une vingtaine d’œuvres, dont certaines inédites ouin-situ qui viendront célébrer l’amitié qui unit Bertrand Lavier à Philippe Austruy, propriétaire depuis 2001 de ce domaine provençal de 850 hectares.
Sur ces dix œuvres, quatre sont présentées de manière permanente à la Commanderie de Peyrassol. Quathlamba II, tubes de néon de 2020, est exposée au centre d’art, et un miroir peint (sans titre) réalisé in situ en décembre 2022, est accroché aux murs du restaurant Chez Jeannette.
Dans le parcours des sculptures en plein air, Hommage à Lou et Sulky ont été imaginées pour la Commanderie de Peyrassol.
Réalisée en 2011, l’Hommage à Lou, du prénom de la dernière fille de Philippe Austruy, est la première oeuvre réalisée in situ à la Commanderie de Peyrassol par Bertrand Lavier. La sculpture se compose d’un motoculteur Honda perché sur un poteau EDF à plus de 10 mètres du sol. Ironie du sort, Philippe Austruy comptait à cette époque faire disparaître l’ensemble de ces poteaux sur sa propriété. Venant de Bertrand Lavier, l’étonnant projet l’amuse d’emblée, les deux amis nés en 1949 étant unis par un même sens de la dérision.
Autre œuvre créée in situ, Sulky, fontaine à sept jets d’eau accueillant les visiteurs à l’entrée de la Commanderie, a été réalisée en 2020 à partir d’un semoir agricole. Adepte du détournement d’objets dans un esprit duchampien, Bertrand Lavier, qui se sent aussi lié à Picabia, aspire à la légèreté dans les « chantiers » qu’il « ouvre » (séries dœuvres qu’il réexplore au fil des années). Puisant dans l’imaginaire populaire, Bertrand Lavier bouleverse perpétuellement le statut de son matériau premier, court-circuite le jugement esthétique et pose la question de l’auteur. « Dans ces chantiers que je ne referme jamais, mes œuvres, qu’elles aient été créées 25 ans ou 6 mois auparavant, cohabitent de manière assez légère, sans accuser le poids du temps, explique-t-il. Je cherche à ce que les choses restent en suspens. »
Bertrand Lavier aime se rendre à la Commanderie de Peyrassol, ce site marqué par l’histoire. Horticulteur de formation, il est aussi très impressionné par les grandes restanques qui structurent la propriété. Un lieu, en somme, inspirant.
Parmi les derniers « chantiers » ouverts par Bertrand Lavier, l’idée de la Simca Aronde, peinte dans un rouge acidulé et exposée jusqu’au 3 février 2024 à la galerie Mennour à Paris, est née de la réflexion menée à la Commanderie de Peyrassol autour d’une autre épave : celle d’une Dauphine abandonnée à l’orée d’un bois au sein de la propriété. « Philippe Austruy me l’a montrée il y a sept ou huit ans, me suggérant d’en faire quelque chose. J’ai mis ça dans un coin de ma tête. L’Aronde comme la Dauphine, ces voitures jadis très populaires, étaient vouées à la disparition. Les repeindre dans une couleur très luxueuse, de celle destinée aux voitures de luxe et de sport des années 2020, les transfigure en les rendant énigmatiques », explique Bertrand Lavier.
« La Dauphine de Peyrassol ne sera pas rouge comme l’Aronde, mais bleu électrique », projette l’artiste.
D’autres œuvres inédites, notamment des « inclusions », viendront enrichir cette exposition placée sous le signe de la couleur, aux côtés de pièces devenues iconiques parmi ses « objets peints » ou ses « Walt Disney Productions ».