Il y a près d'un an et demi, l'intelligence artificielle a fait son apparition progressive dans notre monde, amorçant ainsi une nouvelle révolution numérique. Nous nous demandons alors si nous avons ouvert définitivement la boîte de Pandore ou si nous sommes témoins d'une transformation en cours. Cette nouvelle réalité suscite en nous un mélange de fascination et de crainte. Nous sommes fascinés par la puissance et la croissance exponentielle des algorithmes, mais en même temps, nous ressentons une appréhension face à une possible supériorité de la machine.
L'exposition 'Crash' explore quant à elle un sentiment différent : celui d'être écrasé. L'intelligence artificielle compile et absorbe l'essence même de l'humanité, compressant nos cultures, nos connaissances et nos techniques à une vitesse fulgurante. Cette exposition aurait tout aussi bien pu être intitulée 'Burn-out', 'AVC' ou plutôt 'Blast', évoquant cet effet de souffle qui nous laisse sonnés après une explosion. C'est un moment où le choc nous déséquilibre et nous laisse vacillants. Un choc de trop ! Trop rapide, trop d'images, trop de plein, trop de vide. Cette profusion vertigineuse est un gouffre, un trou noir qui absorbe notre capacité à appréhender les limites infinies du système.
L'exposition, réalisée à l'aide de générateurs d'images, présente des installations artistiques imaginaires, telles que des carcasses d'avions placées au milieu de palaces ou d'églises baroques, ainsi que d'immenses 'room boxes' qui invitent à découvrir des espaces bien plus vastes que leur contenant. La série 'In My Reflexive Secret Garden' expose dans une salle de musée la statue d'un artiste-soldat d'élite qui se camoufle avec ses propres œuvres pour mieux les défendre. Il contraste avec la sérénité d'un personnage féminin assis dans un jardin entouré de miroirs. Cette représentation symbolique interroge la protection de notre créativité ou, au contraire, personnifie l'IA comme une nouvelle muse se reflétant à l'infini dans son palais des glaces.
Enfin, le projet 'The End of Modern-day Gomorrah' fait référence à la soirée de clôture du Club 54 le 4 février 1980. Il nous plonge dans un univers artistique et psychédélique où freaks et top models envahissent l'espace dans une atmosphère décadente. L'ensemble de ces thèmes est accompagné d'ouvrages qui amplifient encore notre perception (toujours dans l'excès !) pour frôler l'indigestion plutôt que l'overdose. Si par le passé, la création assistée par l'intelligence artificielle était qualifiée de froide, en réalité, elle nous touche directement en plein cœur de nos viscères.
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