Cycle Agnès Varda & Jacques Demy
Legrand duo
Les œuvres d’Agnès Varda et Jacques Demy restent inoxydables, des décennies après leur sortie. Un cinéma libre, enchanteur, sombre aussi, qui n’en finit pas de révéler tous ses secrets. Une rétrospective proposée par l’Alhambra et la Criée permet derechef de s’y replonger sur grand écran.
Ils resteront à jamais l’un des couples phares, libres, du cinéma français.
L’un chante, l’autre pas, mais tous deux inventèrent de nouveaux langages cinématographiques qui marquent aujourd’hui encore les opus les plus récents — l’on songe à Christophe Honoré. Agnès Varda et Jacques Demy ont traversé le cinéma, ou l’inverse, en parcourant les ports jusqu’à l’universel, créateurs d’œuvres intemporelles, portés par un souffle de liberté. Agnès Varda en pionnière de la Nouvelle vague avec
La Pointe courte (1954), ignorant les règles contraignantes des productions d’alors, faisant fi des autorisations de tournage et autres cartes professionnelles. Jacques Demy en artisan d’un monde
réen-chanté — aux côtés du fidèle Michel Legrand —, dont les deux œuvres majeures,
Les Parapluies de Cherbourg et
Les Demoiselles de Rochefort, illuminèrent de couleurs et de notes le désespoir de l’amour perdu. Car si les films de ce duo d’artistes majeurs sont empreints d’un regard des plus poétiques sur ce monde qui nous entoure, il ne faut pour autant pas y omettre la face plus obscure de destins éclatés, par l’intime et la grande histoire, par le micro et le macro. C’est l’une des raisons pour laquelle voir et revoir les films d’Agnès Varda et Jacques Demy permet d’y découvrir sans cesse un plan, un geste, une écriture qui nous avaient jusque-là échappés. Le cinéma l’Alhambra et le théâtre La Criée s’associent donc pour une belle rétrospective commune consacrée aux deux cinéastes. Lors du dernier week-end de février, l’occasion sera trop belle de (re)voir sur grand écran les chefs d’œuvre que sont les trois films susnommés, mais également
Cléo de 5 à 7 (avec la sublime Corinne Marchand),
Murs Murs,
Les Plages d’Agnès — l’un des films-testaments —,
Jacquot de Nantes ou
Le Bonheur d’Agnès Varda, sans oublier, bien évidemment,
Peau d’âne,
La Baie des anges ou
Trois places pour le 26, et la fameuse descente des escaliers de la gare Saint-Charles d’Yves Montand, de Jacques Demy. La manifestation sera accompagnée de l’exposition, à la Criée, de
Varda / Demy, et d’une rencontre Ciné-Club en présence d’une poignée d’invités.
Emmanuel Vigne
Cycle Agnès Varda & Jacques Demy : du 28/02 au 1/03 au Cinéma L’Alhambra (2 rue du cinéma, 16e) et au TNM La Criée (30 quai de Rive Neuve, 7e).