Perles rares des cinémas de l'Est (V.O.)

Programmation de films des pays de l’ancien bloc de l’Est

Au mois de mars, l’Institut de l’image propose de mettre le cap vers les pays de l’ancien bloc de l’Est afin d’en explorer les cinématographies, qui derrière le rideau de fer ont produit de nombreux chef d’œuvres, et qu’il convient de redécouvrir comme autant de plaidoyers pour la liberté. L’occasion de programmer à nouveau le film fleuve de Béla Tarr, Sátántangó (qui ressort sur grand écran dans une copie restaurée) comme une allégorie de la fin du communisme, et de remettre à l’honneur quelques grands cinéastes comme Wajda, Skolimovski, et Kalazatov avec son sublime Quand passent les cigognes.

Institut de l'Image - Cinéma de la Manufacture
Du 29 février au 24 mars 2020
6/7 €
Rens. 04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Cité du Livre - 8 rue des allumettes
13100 Aix-en-Provence
04 42 26 81 82

Article paru le mercredi 12 fvrier 2020 dans Ventilo n° 441

Perles rares des cinémas de l’Est à l’Institut de l’Image

Plein Est

 

L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence profite de la sortie en salle d’une version restaurée du Sátántangó de Béla Tarr, chef d’œuvre peu égalé, pour proposer un cycle passionnant sur les cinématographies des pays d’Europe de l’Est.

  Parmi les plus belles pages écrites par le cinéma, dans son histoire, figurent sans conteste celles que les pays d’Europe de l’Est imprimèrent sur pellicule. L’influence de l’URSS reste indéniable : le pays créa dès 1918 une impressionnante infrastructure cinématographique, dans l’idée de développer un élément fondamental de la culture populaire. Dynamique qui placera l’Union Soviétique au premier rang de cet art nouveau, et d’où émergeront les plus grands cinéastes de l’histoire. Après la Seconde Guerre mondiale, cette politique culturelle sera reproduite dans les pays de l’Europe orientale, devenus « petits frères » de l’URSS, la fusionnant aux traditions propres à chacun d’entre eux, dans le ton du récit et de la sémiologie picturale. C’est le temps de la création d’éminentes écoles de cinéma, en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Roumanie, propres à former un solide vivier de professionnels. Même si peu de productions, au final, parviennent à dépasser les frontières du Rideau de Fer, l’étude approfondie de cette période cinématographique témoigne d’une densité et d’une créativité kaléidoscopique, inégale mais passionnante. Des grandes productions historiques teintées de propagande aux films particulièrement intimistes tentant de contourner les foudres de la censure, jusqu’aux sublimes œuvres d’animation, les cinématographies d’Europe de l’Est marqueront durablement les esprits. L’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence, dans sa dynamique programmation de films du répertoire, consacre justement son prochain cycle à ce pan majeur du cinéma. Une proposition que motive l’actuelle sortie en salles, en copie numérique restaurée, du chef d’œuvre du cinéaste hongrois Béla Tarr, Sátántangó, film-fleuve, film-monde, littéraire et visuel, sur la décrépitude du communisme dans les pays de l’Europe orientale. Un bouleversant mirage cinématographique comme il en existe peu, au final, et que l’on ne saurait bouder dans cette nouvelle version restaurée. Autour de la projection du film, la salle aixoise propose ainsi de (re)visiter les grandes pages du répertoire, de l’incontournable opus, bien évidemment, de Mikhail Kalatozov, Quand passent les cigognes, au Kanal de 1957 du Polonais Andrzej Wajda — sans omettre son sublime Cendres et diamants —, en passant par l’impressionnant et glaçant Requiem pour un massacre d’Elem Klimov, plongée dans une guerre atroce, en Biélorussie, à travers les yeux d’un adolescent. Deux opus d’un cinéaste que nous chérissons dans ces colonnes, le Polonais Jerzy Skolimovski, s’ajouteront à cette riche programmation : Signes particuliers : néant et Walkover. Sans oublier, comme à l’accoutumée, de véritables perles à découvrir sans tarder, d’Un Petit carrousel de fête de Zoltán Fábri à Méphisto d’István Szabó. Une plongée magnifique au cœur d’un cinéma réputé hermétique, qui dévoile cependant, dès que les lumières de la salle s’éteignent, toute sa fascinante beauté.  

Emmanuel Vigne

 

Perles rares des cinémas de l’Est : du 29/02 au 24/03 à l’Institut de l’Image (Cité du Livre, Aix-en-Provence).

Rens. : 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org

Le programme complet du cycle « Perles rares des cinémas de l’Est » ici