Jane Campion, Kelly Reichardt & Co à l’Institut de l’Image
Retours de femmes
Pour ouvrir les festivités d’une année 2022 que l’on espère la plus sémillante possible pour le cinéma, l’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence nous propose en janvier un cycle consacré aux grandes cinéastes de notre temps : de Jane Campion à Kelly Reichardt, en passant par Juliet Berto, cette programmation s’annonce derechef passionnante.
C’est avec une dynamique et une justesse toujours intactes que l’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence ouvrira le bal des cycles cinématographiques en ce début d’année 2022. Cinq immenses cinéastes seront ainsi mises à l’honneur d’une programmation toujours pertinente, cinq réalisatrices que l’on croit bien connaître, et dont la (re)lecture des œuvres prolongera sans conteste nos regards sur leur travail hors normes.
Du 5 au 28 janvier, le cycle
Jane Campion, Kelly Reichardt & Co offrira l’occasion d’une plongée unique, sur grand écran, parfois en copies numériques restaurées, au cœur d’un geste créatif qui marqua en profondeur le cinéma de ces quarante dernières années.
À commencer par la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion : avec
La leçon de piano, en 1993, dont la — triste — distinction permit à la réalisatrice d’être la première femme à recevoir une Palme d’Or à Cannes, l’artiste souligna elle-même, lors de sa venue à la dernière édition du festival Lumière de Lyon, que ce succès avait probablement encouragé de nombreuses cinéastes à lutter contre la fatalité d’une industrie machiste et patriarcale, en renversant ses codes et ses praxis. L’Institut de l’Image nous permet ainsi de visiter les sublimes opus que sont
Un ange à ma table — proposé dans le cadre de la manifestation régionale
Projections Plurielles —,
Portrait de femme,
In the cut ou le plus récent
Bright Star.
Parallèlement, c’est sans nul doute la plus grande cinéaste américaine en exercice qui s’ajoute à cette belle programmation : il suffit pour s’en convaincre de lire le sublime ouvrage de Judith Revault d’Allonnes,
Kelly Reichardt – l’Amérique retraversée. Cette figure de proue du cinéma indépendant a bâti depuis
River of Grass, en 1994, en passant par l’émouvant
Wendy et Lucy jusqu’au western originel qu’est
La Dernière Piste, une œuvre du déraillement à la frontière des genres, usant de l’économie de moyens comme d’une immense force narrative. Outre les deux derniers opus suscités, l’équipe de l’Institut de l’Image nous propose également les projections d’
Old Joy,
Certaines femmes et le récent — et magnétique —
First Cow.
Enfin, pour parachever cette traversée féminine, et féministe, d’un geste cinématographique hors du commun, citons l’hommage rendu à Juliet Berto, qui réalisa avec Jean-Henri Roger, en 1981, le bouleversant
Neige, avec le regretté Jean-François Stévenin, ou les projections de
Variety de Bette Gordon et
Louise l’insoumise, de Charlotte Silvera, un véritable bijou de 1984, l’un des plus beaux films français sur la sortie de l’enfance.
Emmanuel Vigne
Jane Campion, Kelly Reichardt & Co : du 5 au 28/01/2022 à l’Institut de l’Image / Salle Armand Lunel (Cité du Livre, Aix-en-Provence).