Festival Propagations
Longueurs d’ondes
À la croisée de la recherche, de la performance et de l’expérimentation, l’édition 2024 du Festival Propagations du Gmem se fait l’écho de la création musicale et sonore contemporaine, dans ce qu’elle a d’immersif, de surprenant et d’inventif.
La programmation d’une dizaine de jours nous promet des expériences sensorielles étonnantes, et parfois même inédites. Le Festival Propagations revêt l’allure d’un laboratoire où la pratique instrumentale se mêle à la musique organique et électronique, l’improvisation se glisse entre les partitions, et nous propose de ressentir la puissance du son dans toutes ses dimensions.
Deux installations sonores ouvriront le bal. Au Studio de la Friche, la performance immersive de Sylvain Darrifourcq,
Fixin, questionnera la place du corps dans la répétition du geste et l’automatisation. Les ondes et vibrations sonores de cette « méta-batterie » seront métalliques et répétitives, appuyées par une ambiance lumineuse minimaliste et saccadée (déconseillée aux épileptiques !), et les déplacements du public auront une incidence sur l’équilibre sonore dans l’espace. Au studio pédagogique du Gmem, le son automatisé et répété vient porter notre attention sur les nuances sonores et l’infiniment petit : l’installation
Automatics de Kinda Hassan se veut acousmatique ; en l’occurrence, nous percevrons le son avant de découvrir visuellement le dispositif, et notre imaginaire n’en sera que plus stimulé.
L’exploration du son infime, improvisé et amplifié sera au cœur de plusieurs performances et concerts, à l’instar du projet
Primaria des virtuoses de l’improvisation Claire Bergerault, Silvia Tarozzi et Deborah Walker et leur trio violon-contrebasse-accordéon/voix.
Memento de Jérôme Combier allie performance instrumentale et manipulation en live de matières naturelles (des feuilles, du bois, du sable, de l’eau, etc.). Un procédé proche de celui du duo Noorg, dont le dispositif sonore autour de l’audience permet une expérience immersive. En fermant à peine les yeux, on se croirait dans une forêt lointaine… De
Forêt, il sera aussi question dans le spectacle de Franck Vigroux au Klap ; une traversée sensorielle et onirique, toute en lenteur, par le son, la vidéo et la performance dansée.
Le festival offre aussi l’occasion de découvrir des instruments, et surtout le traditionnel orgue à bouche (le sheng) avec les compositeur·ices Wu Wei, Alexis Baskind et Julie Zhu. Pas moins de trente-sept tuyaux, agissant comme « révélateurs » de la respiration humaine parmi cette
Forêt de Bambous. Et puis un instrument imaginé par Bastien David, une variante du métallophone, percussion (composée de lames métalliques) de quinze mètres de circonférence, dont vous pourrez entendre les sonorités organiques à l’occasion d’une performance au Petit Plateau de la Friche pour le week-end de clôture du festival.
Il vous sera aussi possible de voir et d’écouter des compositions électroacoustiques sur des courts-métrages expérimentaux par Javier Elipe Gimeno, mais également un spectacle déroutant inspirée de la vie d’Alan Turing, entre théâtre, opéra et procédés d’intelligence artificielle, orchestré par Pierre Jodlowski. Et puis quoi de mieux au mois de mai que d’écouter de la musique les pieds dans l’herbe, allongé·es dans des transats ? Ce sera possible dans les jardins du Couvent Levat avec le projet
Émergence, un dispositif d’écoute immersif pour découvrir les créations des élèves du Conservatoire Pierre Barbizet et de la Cité de la Musique de Marseille.
Lucie Drouot
Festival Propagations : du 3 au 12/05 à Marseille.