Festival Technopolice à Marseille
Ne souriez pas, vous êtes filmés !
La seconde édition d’une manifestation essentielle pour nos droits élémentaires investit divers lieux de la cité phocéenne du 28 septembre au 1er octobre : le Festival Technopolice ouvrira, au travers de projections, rencontres, ateliers et balades, de nombreuses pistes de réflexions sur les questions de télésurveillance des peuples par les pouvoirs en place, et les violences policières qui opèrent ainsi en toute impunité.
Noam Chomsky l’évoquait déjà en son temps : la manipulation de masse et la surveillance des peuples sont parmi les axiomes des forces dominantes pour un contrôle total des sociétés, jusqu’à la répression policière ripolinée en maintien de l’ordre. La surveillance — et l’évolution technologique afférente — était par ailleurs évoquée par Naomi Klein dans
La Stratégie du choc. Au sein même de l’hexagone, depuis plusieurs années, les questions de violences policières auxquelles s’adjoignent celles de la surveillance généralisée engendrent un cocktail explosif particulièrement inquiétant pour nos démocraties, ou ce qu’il en reste. Et les perspectives des forces politiques en marche, en Europe, ne sont guère enclines à nous rassurer.
Ce sujet de la plus haute importance — et l’actualité s’en fait presque quotidiennement l’écho — est au cœur de la manifestation proposée par le collectif Technopolice Marseille, qui lutte entre autres contre la surveillance de l’espace public : du 28 septembre au 1
er octobre, la seconde édition du festival éponyme déploiera un ensemble de propositions passionnantes, à Marseille, au Videodrome 2 et à Manifesten, en passant par la librairie L’Hydre aux Mille Têtes.
Comme le rappelle l’équipe organisatrice, le recours aux technologies de surveillance de l’espace public se normalise de manière alarmante : la France est le premier pays de l’Union Européenne à légaliser la surveillance biométrique et Marseille est l’une des villes les plus surveillées de France, pour n'en citer que deux exemples. Chaque citoyen doit en avoir une pleine conscience, et s’organiser collectivement pour freiner cette dangereuse dérive.
Le festival Technopolice offrira ainsi des pistes de réflexions et d’actions particulièrement passionnantes durant ces cinq journées, à commencer par la rencontre autour du livre
Contre-histoire d’Internet, qui lancera les festivités. Suivront les projections, au Videodrome 2, de trois opus donnant la parole aux familles de victimes de meurtres policiers :
I thought I was seeing convicts d’Harun Farocki,
Frères d’Ugo Simon et
Face à l’impunité policière de l’excellent collectif Primitivi, fréquemment cité dans ces colonnes. Le samedi 30 septembre, la compagnie La Station Magnétique proposera de son côté un intéressant jeu de piste, suivi d’une balade cartographique des caméras de vidéosurveillance de la Plaine, afin de prendre sur le terrain pleinement conscience de l’étendue de cette privation de nos libertés élémentaires, normalement protégées par la Constitution. Journée qui s’achèvera par la séance de
Total Trust de Jialing Zhang et d’un débat autour de la loi légalisant la Vidéo Surveillance Algorithmique (VSA) en France. Enfin, l’événement clôturera cette nouvelle édition par une poignée d’ateliers en lien avec la honteuse Loi Jeux Olympiques (JO), qui a permis de légaliser la surveillance biométrique en France pour une période s’étalant de 2023 à 2025, et ce pour tout événement sportif, culturel ou public.
Emmanuel Vigne
Festival Technopolice : du 28/09 au 1/10 à Marseille.