cycle Pulsations urbaines
Villes à retordre
Mireille Laplace et sa structure Grains de Lumière nous offrent une nouvelle programmation magistrale, du 4 au 9 octobre, au Videodrome 2 : avec Pulsations urbaines, nous sommes joyeusement invités à explorer les méandres de la ville, et ce lien sensoriel qui s’y déploie, à travers une vingtaine de films sélectionnés.
Notre environnement urbain, comment nous l’investissons, y ressentons, s’y corrélons, sera particulièrement au cœur des propositions cinématographiques de ce démarrage automnal. Et ce avec deux événements se faisant finalement écho l’un l’autre : l’exploration excellemment menée depuis de nombreuses années par l’équipe d’Image de Ville d’une part (voir ci-après), et la superbe proposition expérimentale composée par Mireille Laplace au sein de sa structure Grains de Lumière d’autre part. Ce second événement, qui investira la salle du Videodrome 2 du 4 au 9 octobre, jouera de nos sens— et de la puissance de l’image en mouvement — pour un panorama cinématographique propre à nous mettre en pareilles vibrations avec l’environnement urbain, presque les yeux fermés, oserions-nous dire. En six programmes —
Magie urbaine,
Déambulations,
Flux,
Archiville,
Comme en un rêve,
Jeux d’ombres et de lumières —, la manifestation Pulsations Urbaines nous offrira l’occasion d’un florilège remarquable d’œuvres filmiques, avec le concours de Paris-Films-Coop / Cinédoc, Light Cone, le Collectif Jeune Cinéma, et bien évidemment l’équipe du Vidéodrome 2. En une vingtaine de films, en traversant les époques et les pays — de Hong Kong à Odessa, New York, Marseille ou Berlin —, c’est une programmation de haut vol qui s’étend face à nous. À commencer par le chef d’œuvre inoxydable de Dziga Vertov,
L’Homme à la caméra, expérience sensorielle à nulle autre pareille, point paroxystique du travail du cinéaste — et son fameux concept de
ciné-œil —, où l’art du montage, du mouvement, de la sémiologie de l’image viennent tour à tour poser les pierres d’une œuvre qui transformera à jamais le cinéma. Le programme
Déambulations offre, quant à lui, l’occasion de (re)voir quelques belles pages du geste cinématographique, à travers les films de László Moholy-Nagy (
Marseille Vieux-Port), le génial Henri Storck (
Images d’Ostende) ou le
Manhatta de Charles Sheeler et Paul Strand. La création expérimentale permet ainsi de jouer de tous les stimuli sensoriels chez le spectateur ou la spectatrice : le travail de la vitesse, du rythme, des variétés de prises de vues offrent au programme
Flux l’occasion d’un rapport intime avec l’environnement urbain, et comment celui-ci nous parvient, comme en témoignent les œuvres de Woody et Steina Vasulka (
Urban Episodes) ou Pascal Baes (
Topic I et II). Nous pourrions encore citer, éparses, les expériences visuelles de Jan Peters (
Nichts Sehen, nichts sehen), Paul Winkler (
Urban Space), Robert Cahen (
Hong Kong Song) ou Pat O’Neill (
Water and Power), sans oublier l’incroyable déconstruction / reconstruction optique de Gordon Matta-Clark (
Conical Intersect). Autant d’œuvres qui construisent ici un rapport autre à ces battements urbains, qui témoignent du génie filmique du cinéma d’avant-garde, et qui font de cette nouvelle proposition de Mireille Laplace l’un des temps forts de cette rentrée cinématographique marseillaise.
Emmanuel Vigne
Pulsations urbaines : du 4 au 9/10 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e).