Visions d'exil

Festival organisé par l'Atelier des Artistes en Exil : concerts, ateliers, déambulations, performances, expositions... 6e édition qui a pour thème "Rituels"

Du 20 octobre au 25 novembre 2023, à Paris, Marseille, Lyon et ailleurs, l’Atelier des artistes en exil consacre la sixième édition de son festival Visions d‘exil aux rituels.

Pour cette nouvelle édition, le festival décline soirées festives, concerts, spectacles, performances, expositions, projections, expériences immersives, rencontres, pratiques participatives et temps de réflexion et réunit des artistes originaires d’Afghanistan, du Brésil, du Bélarus, du Burkina Faso, de Colombie, de Côte d’Ivoire, de France, d’Éthiopie, de Guinée, d’Haïti, d’Irak, d’Iran, du Liban, du Mali, de Mauritanie, du Myanmar, du Nigéria, de Palestine, de la République démocratique du Congo, de la République du Congo, de Russie, du Sahara occidental, du Sénégal, du Soudan, de Syrie, de Tunisie, d’Ukraine, du Yémen.

 

L’ATELIER DES ARTISTES EN EXIL
Créé en 2017 à Paris, puis en 2021 à Marseille, l’atelier des artistes en exil (aa-e), structure unique en Europe, se propose d’identifier des artistes en exil de toutes origines, toutes disciplines confondues, de les accompagner dans tous leurs projets, selon leur situation et leurs besoins administratifs, linguistiques et artistiques. L’aa-e leur offre des espaces de travail, les met en relation avec des professionnel·les, propose un apprentissage du français par l’art et leur donne les moyens d’éprouver leur pratique et de se restructurer. Dans ce but, l’aa-e organise des événements culturels et artistiques, dont un festival itinérant pluridisciplinaire de dimension européenne, intitulé Visions d’exil, réunissant des œuvres d’artistes en exil et d’autres artistes traversés par l’exil. Il soutient la production et la diffusion de créations d’artistes en exil ou impliquant des artistes en exil.
L’aa-e, dirigé par Judith Depaule accompagne plus de 500 artistes venu·es de 46 pays différents, contraint·es de fuir pour des raisons politiques, ethniques, religieuses, sexuelles ou genrées. L’aa-e développe des programmes spécifiques d’accueil en lien avec les crises mondiales.

À Marseille
Du 20 octobre au 25 novembre 2023
Entrée libre
https://festival.aa-e.org/
13000 Marseille

Article paru le mercredi 8 novembre 2023 dans Ventilo n° 490

Exposition Rituels à la Ruche K et festival Visions d’exil

Déraciné·es, des ailes

   

Les Visions d’exil représentées par le festival de l’association l’Atelier des Artistes en Exil continuent de se projeter à Marseille, Paris, Lyon et Toulouse. Au programme : expo à la Ruche K, projections, danse, performances, musique… Les évènements courent jusqu’au 24 novembre, tandis que l’organisation nationale est secouée par une polémique à charge contre sa direction.

      Pour sa sixième édition nationale et sa deuxième saison à Marseille, le festival prend pour thème les Rituels qui donnent leur nom à l’exposition à voir jusqu’au 11 novembre à la Ruche K, rue Belle de Mai à Marseille. Outre l’occasion de (re)visiter cet espace associatif, d’atelier et d’exposition récemment fondé par la Galerie Kokanas, l’expo vaut le crochet. Elle a invité des artistes à « convoquer les rituels qui rythment dorénavant leur vie, inventent des cérémonies qui mêlent ironie, nécessité, colère et désillusion. » Dix artistes exposent, et leurs rituels prennent diverses formes : des vidéos, de « prière standard » avec Yadanar Win, ou d’Écocide par Oksana Chepelyk ; des peintures de Peshawa Mahmood — qui faisait d’ailleurs de ses portraits une performance au [mac] il y a quelques jours ; ou deux photos de Şener Yılmaz Aslan, qui traitent d’une routine trop bien connue des grandes villes avec un contre-lyrisme saisissant, superposant deux photos, Those Who Wait avec Those Who Go (en français : Ceux qui attendent et Ceux qui partent). La scénographie est habitée, nous entourant de nombreuses visions, toutes incarnées. Les visages que montre Peshawa Mahmood forment un groupe comme de manifestant·es, qui nous font face. En s’y mêlant, c’est la puissance des peintures de Ko Latt qui, à leur tour, nous appellent. Avec To the Hell, des traits et des couleurs dignes de comics, ses compositions intègrent autant des bombes que des chiffres, que des émojis « vomi » pour traiter du coup d’État militaire du 1er février 2021 au Myanmar. À côté, plus que caustique, son Happy Death Day propose une cérémonie générique « à compléter », en l’honneur des victimes du régime militaire… De l’autre côté, Anna Abrashina et Vladimir Mazhuga installent Mon jardin n’a pas de racines, une structure de bois et métal en forme de paravent sur laquelle sont collés des dessins qui évoquent des plantes, mais en noir et blanc. Plus loin, la série de lévitations d’Andrés Montes Zuluaga fait écho aux peintures exorcisantes de Liza Diederich, peintre, tatoueuse, performeuse et art thérapeute… Et ce ne sont qu’une partie des pratiques et des points de vues, puisque d’autres restent à voir, écouter, expérimenter.   Dis, silence Espace d’accueil, d’atelier, terrain d’insertion et de soutien administratif, l’Atelier des artistes en exil naît à Paris en 2017, et voit rapidement de nombreux membres gonfler ses rangs, jusqu’à l’ouverture d’une antenne marseillaise en 2021, qui ne cesse depuis d’accueillir de nouvelles personnes. Néanmoins, le 11 octobre, une lettre ouverte signée par treize artistes membres de l’association et douze anonymes est publiée sur Instagram. Elle vise à dénoncer « le manque de transparence dans la gestion de notre atelier », une « oppression », ainsi que « le non-respect envers nos histoires, nos différentes fragilités et nos pratiques artistiques ». Augmentée, depuis, de plusieurs autres signatures et appuyée d’une lettre de soutien venant d’une trentaine d’ancien·nes membres de l’équipe — « salarié·es, stagiaires, services civiques et bénévoles » —, les signataires appellent à un « changement radical » dans la gestion de l’association. La direction nationale, dans son droit de réponse communiqué via les réseaux de l’association le 19 octobre, exprime sa surcharge pour l’expliquer : « À ce jour, nous comptons environ six cent artistes membres, et l’équipe fixe n’est constituée que d’une vingtaine de personnes. » Aujourd’hui, la polémique est toujours d’actualité puisqu’à la rédaction, nous recevons le 6 novembre un communiqué signé de douze artistes soutenu·e·s par le co-fondateur de l’association, Ariel Cypel, qui réclament d’autres réponses de la part de la direction, ainsi que des « réformes urgentes », notamment afin d’impliquer les artistes dans la gestion de l’association. De leurs mots, pour « que l'Atelier des Artistes en Exil redevienne un lieu d’épanouissement artistique, de respect mutuel et de démocratie. »  

MD

 
  • Exposition collective Rituels: jusqu'au 11/11 à la Ruche K (61 rue Belle de Mai, Marseille 3e).

  • Festival Visions d’exil : jusqu’au 24/11 à Marseille.

Rens. : festival.aa-e.org

Toute la programmation du festival Visions d’exil ici