Avant de quitter ce monde, Frank Cassenti m’a demandé de prendre soin de Jazz à Porquerolles. Ce festival était pour lui la chose la plus importante au monde : l’équation du jazz et de l’île de Porquerolles, une raison de vivre, l’utopie ultime.
Je lui ai fait cette promesse, que Jazz à Porquerolles ne s’éteindra pas, et j’ai rappelé les anges gardiens historiques du festival pour imaginer la suite avec eux. Tous ont dit oui, et le festival qui s’annonce est notre œuvre collective.
Ce festival est un point d’envol, une formule magique pour intensifier l’existence. Je peux l’affirmer d’autant plus fort que j’ai vécu ces dernières éditions comme simple festivalier, libre de mes journées et de mes nuits : ce festival agit sur la vie comme un rêve.
Il y a quelques raisons objectives à cela : on laisse le continent au loin, de l’autre côté de la mer. Une distance aristocratique s’installe entre soi et le monde dès qu’on pose le pied à Porquerolles. Et, comme on peut le lire sur une carte postale envoyée en 1937 par Hannah Arendt à Walter Benjamin «Dieu créa Adam et Eve sur l'île de Porquerolles. Carte géographique du Paradis : voir de l'autre côté. Une fois par an, l'homme doit retourner là-bas pour son bien. » Une fois par an, c’est nécessaire, comme un remède temporaire à la barbarie, ou une fuite miraculeuse.
Il y a aussi ce mystère : cette île provoque un affect comparable au sentiment amoureux. On est rapidement submergé par un amour sans objet, un pur sentiment amoureux lié au fait de se trouver, précisément, au paradis.
Et puis ici, pas de voitures, aucune pollution sonore. Au bout de quelques heures, la perception du monde change, le système de défense que nous construisons inconsciemment pour nous protéger des agressions urbaines, ce système de défense tombe de lui-même. Et on perçoit le monde différemment. On l’entend différemment. Et on devient naturellement plus sensibles au cœur même de la musique.
Jazz à Porquerolles, c’est l’équation de cet éden et de nos musiciens préférés. Ce festival, c’est un exercice métaphysique et un chemin vers l’extase.
Cette nouvelle édition de quatre jours et une nuit blanche est dédiée à Frank Cassenti. Elle s’inscrit dans l’histoire qu’il a initié, et ouvre de nouveaux horizons.
— Samuel Thiebaut, Directeur artistique de Jazz à Porquerolles
Le saxophoniste ténor et flûtiste américain Charles Lloyd est une légende vivante du jazz.
Dans les années 60, il est le leader d’un quartette d’exception qui comprend un jeune pianiste inconnu d’à peine vingt ans : Keith Jarrett. Puis il joue et enregistre avec les Beach Boys. Il délaisse un temps la musique avant de renouer avec elle au début des années 80 grâce à un autre pianiste, lui originaire d’Orange : Michel Petrucciani. Entre le jazz modal mystique hérité de John Coltrane et la tradition folk américaine, sa musique est singulière.
Le voici en trio sans contrebasse avec deux figures majeures de la scène du jazz new-yorkais : le pianiste Jason Moran et le batteur Eric Harland. Ils forment comme un écrin à Charles Lloyd, à cette sonorité de ténor au large vibrato, ses échappées belles, son lyrisme envoûtant, ce chant ample qui bascule et bouleverse.
CHARLES LLOYD (SAXOPHONE, FLÛTE)
JASON MORAN (PIANO)
ERIC HARLAND (BATTERIE)
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Avec Pierre BAILLOT, MAJID BEKKAS, MICHEL BENITA, PIERRE-FRANÇOIS BLANCHARD, HAMID DRAKE, NAISSAM JALAL, NGUYÊN LÊ, CHRISTOPHE LELOIL, ANA CARLA MAZA, MARION RAMPAL, ALDO ROMANO, JACQUES SCHWARZ BART, JACKY TERRASSON et d'autres invités surprises...
Cette soirée, c’est un festival dans le festival, un concert kaléidoscopique plein de surprises comme on n’en trouve nulle part ailleurs.
Le fil conducteur, c’est Frank Cassenti, cinéaste, musicien, écrivain, marin et fondateur de Jazz à Porquerolles. Tous ces jazzmen et jazzwomen viendront du monde entier, de Chicago à Rabat en passant par New-York et offriront au public du Fort Sainte-Agathe les chansons qui les relient à Frank, d’Il Camino à Estate, d’Avec le Temps à Body & Soul...
Là où il est aujourd’hui, la musique est le seul langage qu’il peut entendre. Cette soirée est un lien vers l’au-delà, une connexion festive avec le paradis.
C’est certainement l’une des figures les plus singulière du jazz vocal actuel.
La chanteuse de jazz sud-coréenne Youn Sun Nah creuse son sillon en simplicité et originalité depuis plus de vingt ans. Sa voix souple et profonde est prête à tout chanter, les standards de jazz, les chansons tendres de Michel Legrand, Marvin Gaye, Leonard Cohen, Björk, Nina Simone et Edith Piaf, mais aussi les subtiles compositions de sa plume.
Elle se risque ici au duo voix/piano sans section rythmique. C’est un duo vif argent qu’elle forme avec le pianiste belge Eric Legnini. Une grande écoute réciproque, un échange fécond, des airs d’hier et d’aujourd’hui qui vous chavirent l’âme, voilà un duo en chansons enchanteur.
YOUN SUN NAH (VOIX), ÉRIC LEGNINI (PIANO)
Lada Obradovic, batteuse, compositrice et comédienne croate (la série The Eddy de Damien Chazelle) jette son dévolu sur la batterie à l’âge de dix-sept ans. Donc tardivement. Elle rattrape le temps perdu en s’imposant une discipline de fer digne d’une sportive de haut niveau, elle s’enferme et travaille l’instrument quatre ans durant.
En 2016, elle forme avec le pianiste français David Tixier le Obradovic-Tixier Duo.
La formule instrumentale batterie/piano est pour le moins originale. « David et moi avons des approches différentes, explique-t-elle. David est plus technique quand il compose. Moi, je peux composer « émotionnellement » quand j’ai une histoire ». Mélodies tour à tour séduisantes et entêtantes, rythmes soutenus, grooves lancinants, Lada Obradovi et David Tixier forment un duo complice sur le fil du rasoir. Double entente. Entrelacs de sons, tissages d’émotions.
LADA OBRADOVIC (BATTERIE), DAVID TIXIER (PIANO, SYNTHÉS)
Scars
Sandra Nkaké est l’une des voix les plus attachantes de la scène actuelle.
Chanteuse, compositrice et actrice née au Cameroun, elle a créé un monde sonore singulier où se mêlent harmonieusement esprit jazz, chansons pop, ballades folk et énergie rock. Sa voix puissante et profonde séduit, captive. Elle creuse son sillon, ses microsillons.
Scars, son quatrième album conçu avec le flûtiste et compositeur Jî Drû en 2023, est gorgé de soul, cette musique de l’âme et du corps. Chanter l’a sauvée, explique Sandra Nkaké. « Ce disque parle d’exil, de violence, de partage, de déracinements, d’échec, de réussite, de changements de cap, de moments d’Afrique, de sororité, d’amour, d’arrivée en Europe, de la violence d’être femme, noire, musicienne, de rêves brisés, de réalité qui dépasse les rêves, du bonheur de pouvoir panser toutes ces plaies et de dire toutes ces joies en chantant. » Le bonheur en chantant.
Let The Monster Fall
Thomas de Pourquery brouille les pistes sonores.
Musicien de jazz surdoué à la tête du groupe Supersonic qu’il a mis en orbite sur la planète Sun Ra en 2012, le saxophoniste alto est aussi et surtout un chanteur soul au timbre chaleureux. L’ancien compagnon de chansons de Jeanne Added, Frànçois & The Atlas Mountains et Oxmo Puccino est à présent le leader d’un groupe pop qui distille une musique puissamment sensuelle et euphorisante.
Son nouveau projet, Let the Monster Fall offre des chansons tendres et funky gorgées de douceur et d’onirisme. Let the Monster Fall… Pour mieux chasser les monstres de négativité, les idées noires, les démons de midi et de minuit et étreindre les joies et autres douceurs du bel aujourd’hui.
Ses concerts sont des moments rares de musique partagée, des fêtes joyeuses. Emotions fortes et bonnes vibrations garanties.
A ses côtés pour ce voyage spatio-temporel, un nouveau groupe atomique :
THOMAS DE POURQUERY (SAXO), SYLVAIN DANIEL (BASSE), DAVID AKNIN (BATTERIE), ÉTIENNE JAUMET (SYNTHÉ, SAXO), AKEMI FUJIMORI (CLAVIERS, CHŒURS)
Bienvenue à la première Nuit Blanche de Jazz à Porquerolles, odyssée nocturne et musicale de 1h du matin jusqu'au lever du soleil ! Attention, c'est une expérience avec un nombre de places limitées : seulement 100 places, pensez à réserver assez tôt.
1H30 - FONDATION CARMIGNAC
Polyvalence et performance. Jazz, blues, salsa, pop, classique, funk, rock, polka, heavy metal... la pianiste et chanteuse israélienne Maya Dunietz embras(s)e toutes les musiques.
Elle tente l’aventure de la création, elle expérimente, cherche et trouve. Elle compose et pratique la musique sans filets, l’improvisation libre ; elle joue sur le fil du hasard et de la nécessité de l’instant ; dans l’éclat éblouissant de l’instant. Elle est joueuse, elle a beaucoup de musiques en elle. Son récital en solo donne la pleine (dé)mesure de son art : plus qu’un concert, c’est une performance.
Hors normes, son univers musical emprunte des chemins de traverse lumineux. Sa palette sonore est large, son jeu est tour à tour puissant, volcanique, tendre, humoristique. Oreilles non formatées, amateurs, amatrices d’inédit et de sensations fortes, vous êtes les bienvenus.
3H30 - LIEU SURPRISE
Le violoncelle voyageur de Gaspar Claus est ouvert à tous les vents de la musique.
Il l’a longtemps conjugué au pluriel, au cours de différentes rencontres (Rone, Barbara Carlotti, Matt Elliott, Joëlle Léandre, Serge Teyssot-Gay, Angélique Ionatos, Jim O’Rourke), en France, au Japon, en Mongolie, au Maroc, en Islande ou au Mali. Le voilà ici comme mis à nu : il s’est lancé le défi du solo. Tancade est une série de onze pièces composées spécialement pour son violoncelle.
Textures subtilement travaillées, matières sonores malaxées en mouvement, c’est une musique mutante qui se déplie, se déploie, puissamment lyrique, tour à tour éruptive, explosive, méditative, en un mot jubilatoire.
GASPAR CLAUS (VIOLONCELLE)
BASILE3 (MUSIQUE ÉLECTRONIQUE)
5H30 - LIEU SURPRISE
Joce Mienniel est un artiste caméléon.
Flûtiste classique de formation, ancien membre de l’Orchestre national de jazz entre 2009 et 2014 sous la direction de Daniel Yvinek, il est flûtiste tout terrain mais aussi saxophoniste, chanteur, compositeur, arrangeur, et surtout improvisateur. La curiosité l’animant, il est passionné de cuisine et d’œnologie.
Qu’ils soient acoustiques ou électriques, il explore des territoires musicaux rares, peu empruntés. Un touche-à-tout ? Un électron libre et sans frontières ? C’est un sorcier, un shaman des sons. Laissez-vous transporter au petit matin dans son univers musical envoûtant, par les souffles, les sinuosités, les suavités et autres gourmandises sonores de sa flûte enchanteresse.
Laurent Dussutour