Festival Aflam (V.O.)

10e édition des rencontres internationales de cinéma proposées par Aflam

 

Pour sa dixième édition, Aflam accompagne, en avant-première ou parce qu’ils ont été finalement trop brièvement à l’affiche, des films déjà célébrés dans de grands festivals internationaux.

Mais comme toujours, parmi les films récents venus de la plupart des pays du Maghreb et du Proche Orient, nous avons été séduits par des films plus confidentiels, aux sujets et aux écritures plus audacieuses, allant des diverses formes du documentaire à l’essai cinématographique. Dans ces films, les cinéastes abordent par des chemins de traverse certains sujets politiques jusqu’alors cantonnés à une approche militante ou historique, ou encore des problématiques touchant à la sexualité et à la question du genre, chaque année plus présentes.

La traditionnelle rétrospective du festival est consacrée cette année au réalisateur syrien Omar Amiralay (1944-2011), réalisateur engagé et audacieux, pionnier du cinéma arabe dans les années 1970, et jusqu’à aujourd’hui considéré comme un maître du documentaire dans la région.

En parallèle apparaissent aussi de nouvelles écritures cinématographiques, avec la génération des cinéastes qui n’ont pas connu les luttes de libération nationales et l’après indépendance. C’est ainsi que, doublée d’une volonté de le sauvegarder et rendre accessible, s’engage chez ces cinéastes une réflexion approfondie sur le patrimoine cinématographique de leur pays, avec une lecture différente de l’histoire militante dont ils ont hérité.

 La section consacrée au cinéma de patrimoine donne cette année la parole au cinéaste palestinien Mohanad Yaqubi qui présentera en masterclasse son approche politique et méthodique aux archives filmées de la lutte palestinienne. L’archivage créatif dont témoigne son dernier film est aussi l’occasion de discuter de l’importance de la conservation et de la réactivation de ces images du passé, qui sera au coeur d’une après-midi de projections et de débats en présence de réalisateurs arabes contemporains et de collectionneurs.

Traversant l’histoire des images jusqu’aux problématiques esthétiques et sociétales les plus actuelles, cette dixième édition offre un panorama riche et varié de ce qu’est le cinéma dans les pays arabes, avec ceux qui le font aujourd’hui et ceux dont les œuvres continuent de nous inspirer.


— Souad El Tayeb, Présidente d’Aflam

Charlotte Deweerdt, Solange Poulet et Mathilde Rouxel, Direction artistique du festival

Autre dates/lieux

À Marseille
Du 17 mars au 26 mars
Tarifs variables suivant les salles
http://www.aflam.fr
13000 Marseille

Article paru le mercredi 15 mars 2023 dans Ventilo n° 478

Festival Aflam

Portraits d’Orient

 

La dixième édition du Festival Aflam, consacré aux cinématographies des pays du Maghreb et du Proche-Orient, nous est présentée du 17 au 26 mars dans une poignée de lieux de la cité phocéenne. Une manifestation d’excellence à ne manquer sous aucun prétexte, afin de continuer à s’accorder au monde.

    Dans les (dés)équilibres géopolitiques actuels, les pays du Maghreb et du Proche-Orient témoignent depuis maintes années déjà d’un agissement de notre monde (révolutions, conflits, transformations sociétales, définitions de l’altérité, questionnements des frontières), profondément révélateur des forces qui animent toutes les sociétés du globe. Nous serions même tentés de préciser qu’il en est ainsi depuis plusieurs millénaires. Mais l’accélération de la globalisation de l’économie-monde, des puissances politiques, de l’information collective et des interactions de luttes fait que les événements qui secouent cette partie de la planète nous relient, toutes et tous, intimement. Et l’une des plus fantastiques représentations des enjeux sociaux et politiques alors en mouvement, dans sa conscience la plus élargie possible, pourrait bien être le cinéma lui-même, témoin et parfois acteur des récits de vies : il est impressionnant de constater à quel point l’écriture fictionnelle, mais également le renouvellement du geste documentaire — nous l’évoquons bien souvent dans ces colonnes — permettent d’affirmer que les cinématographies des pays du Maghreb et du Proche-Orient se révèlent des plus passionnantes aujourd’hui. Un événement majeur permet chaque année d’en témoigner au sein de la cité phocéenne : avec son festival, Aflam conjugue l’histoire en cours avec l’excellence d’une programmation captivante. Pour sa dixième édition, la manifestation s’ancre derechef dans une poignée de lieux d’accueil marseillais, au Mucem d’une part, coproducteur de l’événement, mais également au Videodrome 2, à la Baleine, au Gyptis, aux Variétés et au Polygone Étoilé. À l’instar des éditions précédentes, une rétrospective constitue l’une des colonnes vertébrales de la programmation : cette année, c’est « le cinéaste incontournable de l’histoire du documentaire arabe » qui sera ainsi mis à l’honneur, Omar Amiralay, réalisateur syrien qui sut poser, lors des dernières décennies du siècle passé, un regard critique et intelligent sur l’évolution des sociétés, au point d’être frappé d’une interdiction de diffusion dans son propre pays, le contraignant à l’exil. De La Vie quotidienne dans un village syrien, en 1972, à L’Homme aux semelles d’or, en passant par Il y a tant de choses encore à raconter, Omar Amiralay fut internationalement loué pour une liberté de ton rare. Le cinéma palestinien, et en filigrane l’un des plus longs conflits modernes, s’enlisant depuis près de quatre-vingts ans, sera lui aussi à l’honneur, particulièrement avec la masterclass de Mohanad Yaqubi, qui, avec son collectif Subversive Films, et dans le cadre du projet Tokyo Reels, exhume des archives filmiques palestiniennes pour mieux interroger l’histoire et rendre hommage aux mémoires. Sa présence sera l’occasion de la projection de son dernier film, R21 AKA Restoring solidarity. Car l’équipe d’Aflam est parvenue, cette année encore, à égrener sa programmation de très nombreux.ses invité.e.s, lors de séances uniques, souvent en avant-premières. Ce sera le cas de La Dernière Reine, en présence de Damien Ounouri et Adila Bendimerad, de Soula de Salah Issaad ou d’Alam, accompagné du réalisateur Firas Khoury. Sans oublier l’avant-première du nouvel opus du formidable cinéaste libanais Wissam Charaf, Dirty, Difficult, Dangerous, qui viendra ultérieurement présenter son film en région. Autre récit parallèle de cette édition, la programmation qui accompagne l’exposition Alexandrie, futurs antérieurs, avec un café-ciné en présence de Mark Lotfy, Mohamad El Hadidi et Ahmed Nabil, et les séances de Souad ou Shall I Compare You to a Summer’s Day ? de Mohammad Shawky Hassan. Enfin, de nombreuses propositions viennent enrichir un programme exaltant, des portraits documentaires en résistance aux ateliers de médiations, sans oublier les rendez-vous festifs, telle la soirée avec deux dj sets afin de fêter collectivement les dix ans de ce festival absolument essentiel au cœur de la cité marseillaise.  

Emmanuel Vigne

 

Festival Aflam : du 17 au 26/03 à Marseille. Rens. : www.aflam.fr

Le programme complet du Festival Aflam ici