Le festival Boulégan
Décontracté du Boulégan
Le remuant festival Boulégan est de retour, pour une quatrième édition qui ne déroge pas à son ancrage provençal, entre pétanque, rigolade, balèti (pas forcément ragga), concerts et apéros. À consommer sans modération.
Les événements estivaux dont nous nous faisons habituellement l’écho proposent des plateaux scéniques adaptés à nos goûts et à ceux de notre lectorat, tels du théâtre du côté d’Avignon, de la photographie à Arles, de la danse éparse et une foultitude de rendez-vous musicaux. Chacun sa spécialisation, pour le plus grand plaisir d’une audience qui parviendra sûrement à rencontrer les artistes qui la font vibrer. Cela bien souvent à la tombée de la nuit car l’été, les journées sont trop longues et brûlantes pour dépenser de l’énergie.
Bien que certains de ces festivals brassent large au niveau des têtes d’affiche, il faut avouer que ceux qui nous intéressent principalement sont l’apanage des connaisseurs et de la presse spécialisée. Artistes souvent méconnus du grand public mais que leurs fans et la critique chérissent, ou bien gloires alternatives qui se relancent le temps de quelques dates, tout est fait pour satisfaire les plus exigeants, qui aiment vibrer et cogiter à la foi(s) ; presque un sacerdoce.
Finalement, tout cela est assez sérieux et cloisonné, car il faut dire que les risques financiers s’avèrent importants pour les organisateurs. A contrario, depuis ses premiers pas (et grâce à un concept parfaitement huilé), Boulégan donne l’impression de faire fi de ces potentiels déboires et des conventions estivales, fier de ses origines sudistes et droit dans ses espadrilles — ou ses méduses en plastique, chacun ses préférences. Grand raout populaire, il nous invite en toute simplicité à y passer trois journées entre collègues, à s’empéguer au bar, à jouer aux boules et au bâââbi((Déclinaison marseillaise du baby-foot, qui se prononce différemment de sa version nordiste, et surtout se joue avec des balles dures et des poignées longues. Qui aurait l’idée de jouer avec des poignées rondes et des balles molles ?)), à piter les spécialités culinaires proposées, à bouléguer sur la piste de danse ou encore à s’estrasser de rire devant un comique local que l’intelligentsia désavouerait.
Adultes comme minots, le festival s’adresse à tous. Ici, pas de complexe de provincialité ni d’obsession pour la grande et juste Culture, telle qu’habituellement définie et acceptée, mais un beau brassage de toutes ces cultures qui nous caractérisent. Des activités ludiques, un marché provençal, une touche de mode, des dégustations de grillades (ou de plats plus raffinés), une performance artistique, quelques ateliers et dédicaces... Moult activités diurnes gratuites, qui font de ce rendez-vous un moment convivial et pas prétentieux pour un sou, forcément plus prolo qu’intello.
Pour ne pas gâcher, l’affiche musicale — payante pour sa part — est bien calibrée car dynamique, entre artistes du coin et d’ailleurs, talents confirmés et jeunes pousses : citons notamment les détonants Hyphen Hyphen, les remuants Mozambo, les planants Agar Agar ou encore tous les locaux tels que DJ Daz (IAM) et
DJ Djel (Fonky Family), Jack de Marseille ou
Moussu T e lei Jovents. Un programme somme toute suffisamment diversifié et aguicheur pour inciter certains d’accepter, le temps d’un week-end, de quelque peu transiger sur leur exigence culturelle habituelle. L’expérience ne leur en sera que plus rafraîchissante.
Sébastien Valencia
Festival Boulégan : du 7 au 9/06 sur l’Esplanade du J4 (2e).