Les Suds, en hiver
Un festival hors-saison pour faire entendre les musiques d’hier et de demain, un festival de territoire, pour accueillir les artistes d’ici et d’ailleurs, telles sont les fondations des Suds, en Hiver, dont la 7e édition reliera les communes d’Arles, de Châteaurenard, de Saint-Martin-de-Crau et de Fontvieille.
D’ici et d’ailleurs, Benjamin Melia investira toute une journée le Museon Arlaten, où ses galoubets, fifres et chalamelles résonneront dans la salle du Consistoire avant d’accompagner la chorégraphie contemporaine de Simon Bailly et de Coline. D’ailleurs et d’ici, le folk arménien de Ladaniva dont l’hybridation dit combien la musique sait se jouer des frontières sans rien perdre de son authenticité, fera danser les Passagers du Zinc.
D’hier et de demain, avec Sofiane Saidi qui revisite le raï des origines, ou encore Widad Mjama, qui offre au répertoire de la aïta un habillage électro, hommage naturel à ces chanteuses oubliées. D’hier aussi, les témoignages cinématographiques sur ces figures historiques que sont Bob Marley et Cesária Evora, comme un rappel que ces musiques singulières, qu’elles soient nées sur une île des Caraïbes ou au large du Sénégal, sont devenues universelles. De demain surtout, avec les 230 enfants du [Chœur Battant], qui interpréteront, avec Rebecca Roger Cruz, AA’IN et les intervenant·es du Conservatoire de Musique du Pays d’Arles, des chants du Venezuela et de Colombie.
Un festival pour dire que demain commence hier, et que l’ici continue ailleurs, un festival pour se réunir, au cœur de l’hiver, autour de la musique que fait le monde.
— Stéphane Krasniewski
Directeur des SUDS, à ARLES
Du 13 février au 17 février
Tarifs variables suivant les lieux et les concerts
https://www.suds-arles.com/billetterie/fr/2024/suds-en-hiver
Article paru le mercredi 14 fvrier 2024 dans Ventilo n° 494
Les Suds, en hiver
C’est « un festival pour se réunir, au cœur de l’hiver, autour de la musique que fait le monde », pour reprendre les mots de Stéphane Krasniewski, directeur des Suds à propos de la version hivernale du festival. Pour cette septième édition, la prog’ de qualité — ou la musique comme transport de lutte joyeuse — réunit des groupes qui mêlent musiques électroniques et chants traditionnels. On y retrouvera le vendredi soir, entre autres, la rappeuse et MC Widad Mjama, qui s’inspire de la poésie orale des femmes chikhates, un art ancestral au Maroc dont les chants portent un message de résistance à toute forme de domination. Elle sera accompagnée par la musique électro de Khalil Epi sur la scène du Cargo de Nuit. Le lendemain, le groupe franco-arménien Ladaniva investira la Rotonde de Chateaurenard. Après un live très remarqué aux Trans Musicales de Rennes il y a trois ans, le duo part en tournée internationale et revient avec un premier album flamboyant. On retient aussi la présence de Sofiane Saidi (membre d’Acid Arab) dans le cadre de la soirée Club 404, qui de sa voix de velours remet le raï au goût du jour, chante sur de grosses lignes de basse qui groovent ; une soirée partagée avec La Louuve pour un DJ set « arabic-techno sensuel ». Côté films, vive recommandation pour le documentaire Cesária Évora, la Diva aux pieds nus à l’Eden Cinéma de Fontvieille, qui donne à voir et à attendre la réalité de cette grande artiste reconnue sur le tard, passé d’une vie de pauvreté à une vie de star, gardant une précieuse intégrité et un côté punk dans sa manière d’être et de vivre. Le film nous rappelle que son tube Sodade dénonce l’esclavagisme dans les plantations sucrières de São Tomé, ancienne colonie du Portugal, tout comme le Cap-Vert, pays n’ayant retrouvé son indépendance qu’en 1975.Lucie Drouot