CineHorizontes 2023
Heures d’Ibères
Du 4 au 17 novembre, de nombreuses salles de la cité phocéenne et de la Région s’illumineront aux couleurs de l’Espagne, lors de la vingt-deuxième édition du festival CineHorizontes, qui vient à nouveau prouver que la production transpyrénéennes reste diablement dynamique !
Si l’on admet que le Festival de Cannes dessine les tendances annuelles des cinématographies internationales, la présence des productions espagnoles lors de cette soixante-seizième édition n’est pas passée inaperçue. Entre le très beau
Cerrar Los Ojos de Victor Erice,
Robot Dreams de Pablo Berger ou
Aunque es de Noche de Guillermo Garcia Lopez, le cinéma ibérique verrait-il enfin le bout d’un triste tunnel qui a conduit, ces dernières années, la production du pays dans une incontestable tourmente ? C’est là tout ce que l’on peut lui souhaiter, à la lumière de ce que furent dans l’histoire la beauté et l’exaltation d’une cinématographie haute en couleurs.
Or, chaque année, la manifestation phocéenne CineHorizontes venait nous rappeler que, malgré le peu d’œuvres espagnoles distribuées en France, le geste était bien là, bien vivant, et que les cinéastes tenaient coûte que coûte la barre, dans un contexte de financement des films ardu. La vingt-deuxième édition qui se déploiera du 4 au 17 novembre aux cinémas Le Prado, L’Alhambra, l’Artplexe Canebière, Les Variétés, à l’Alcazar et dans diverses salles régionales, confirmera cette tendance, avec un programme particulièrement dense et passionnant, auréolé d’une poignée d’invité·e·s de haut vol ! À commencer par la présence de l’excellent cinéaste Fernando León de Aranoa — dont on a adoré récemment
El Buen Patrón, avec Javier Bardem –, qui viendra non seulement présenter en avant-première son dernier film,
Sintiéndolo Mucho, mais animera par ailleurs une précieuse masterclass suivie de deux opus de sa filmographie,
A Perfect Day et
Les Lundis au soleil. Autre artiste majeur à traverser les Pyrénées lors de cette nouvelle édition, le prolifique acteur Javier Gutiérrez, en invité d’honneur du festival, accompagnera les projections de
Campeones et
Honeymoon. Parmi les diverses personnalités conviées, citons également Mau Cardoso, Bruna Cusí, Carlos Ferrer ou Céline Graziani.
À l’instar des années précédentes, l’équipe organisatrice proposera en 2023 un nouveau focus, ici consacré à Pablo Picasso. Nonobstant les récentes polémiques, justifiées, qui ont entaché la mémoire du personnage même, cet hommage offrira un regard pluriel sur son œuvre, à travers projections (
Guernica de Robert Hessens et Alain Resnais ou
Le Regard Picasso de Nelly Kaplan), conférences, spectacle, exposition ou bal sévillan.
Comme à l’accoutumée, les compétitions fictions, documentaires et courts-métrages, sans omettre la sélection Panorama, nous offriront l’occasion de découvrir une trentaine d’œuvres exaltantes, souvent en avant-première, du touchant
20 000 espèces d’abeilles d’Estibaliz Urresola Solaguren à
Creatura d’Elena Martín, particulièrement remarqué à la Quinzaine des Cinéastes, en passant par
Les Filles vont bien d’Itsaso Arana, le savoureux
They Shot the Piano Player, dernier opus de Fernando Trueba et Javier Mariscal,
Mon ami robot de Pablo Berger,
Je chante les livres et les femmes de María Elorza ou
The Walls Can Talk du maître Carlos Saura.
Enfin, en point d’orgue de la manifestation, CineHorizontes mettra derechef l’accent sur deux temps forts, et conviviaux : la fenêtre cubaine à L’Alhambra — avec deux films, une masterclass et un buffet —, ainsi que la soirée argentine, célébrant un «
pays aux richesses naturelles et culturelles phénoménales. » Au regard d’une telle programmation, l’on ne peut s’empêcher de songer que la fameuse
movida qui ensorcela les années 80 aura laissé des traces indélébiles qui colorent aujourd’hui encore les événements consacrés aux cinématographies ibériques !
Emmanuel Vigne
CineHorizontes : du 4 au 17/11 à Marseille et en Région Sud-Paca.