Le programme de Numéro Zéro est imaginé par un collectif. Cela implique de longues heures de discussions pour choisir au mieux ce que nous voulons partager avec vous. Pas de critères objectifs de sélection, pas de vote, mais beaucoup d’échanges, de la parole !
Il est question de collectif dans les œuvres que nous proposons cette année. Avec une découverte : le cinéma de Pierre Gurgand, qui a choisi, dans les années 1970, de mettre en œuvre la mission d’éducation populaire qui lui était confiée en faisant des films avec les habitant·es des régions où il s’installait dans ce but, parfois des mois, parfois des années.
À Forcalquier et à Saint-Étienne-les-Orgues, Charles-Henri Despeignes, artiste en résidence, crée un espace public radiophonique grâce à la Citizen Band, la cibi des routiers ! Et Samia el Hadj, en résidence en 2022, propose un retour à une radio minimaliste et conviviale, grâce à un atelier de fabrication d’émetteurs.
Cette année, nous proposons plusieurs séances en commun avec l’association Otra Tierra, qui organise les Rencontres d’Artivismes pour Décoloniser. Notre attrait pour l’Amérique latine nous emmène en Colombie, avec deux films magnifiques et audacieux : Adieu sauvage et Transfariana. Dans une ciné-conférence à ne pas manquer, Federico Rossin évoque l’histoire des collectifs de cinéma féministes d’Amérique latine, notamment Cine-Mujer en Colombie.
Et dans le bouleversant court métrage Vibrations from Gaza, ce sont les mains des enfants sourds qui ont la parole pour dire comment la guerre résonne dans leurs corps.
Cette programmation est l’occasion de nous demander ce que sont devenues les utopies collectives au cœur de ces films. Aujourd’hui, est-il utopique de vouloir encore faire un festival de cinéma et de radio ? De vouloir mettre en avant des œuvres et des artistes qui échappent au formatage de l’industrie culturelle ? Est-il scandaleux d’exister, quand on n’est pas rentable ? Pour l’instant, nous trouvons des réponses dans la joie de faire ensemble, et de vous retrouver dans les salles année après année.
Emmanuel Vigne