Rétrospective Wim Wenders
Voyages de rêves
Du 11 octobre au 7 novembre, le cinéma Les Variétés de Marseille et les Films du Losange proposent la rétrospective « Wim Wenders, d’un monde à l’autre », consacrée à l’un des plus importants cinéastes de ces cinquante dernières années. Neuf films à (re)découvrir sans réserve !
Dans l’intimité que toutes et tous ont développée vis-à-vis d’artistes n’ayant jamais cessé de nous accompagner au fil de nos vies, nul doute que le nom de Wim Wenders viendrait à l’esprit de beaucoup. Et cela parce que les œuvres du cinéaste allemand nous ont, depuis près de cinquante ans, rendus témoins d’une errance cosmogonique, où la raison du mouvement tenait plus de la quête de soi, d’une introspection profonde et cependant universelle. En ce sens, Wim Wenders fut au cinéma ce que Nicolas Bouvier fut pour la littérature : qu’importait finalement la destination, celle des personnages, seule comptait la manière dont le voyage allait nous faire et nous défaire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’une des images les plus connues du cinéaste reste ce visage d’Harry Dean Stanton observant le désert de
Paris, Texas. Le dernier opus de Wim Wenders,
Anselm (Le Bruit du temps), sort ce mois-ci en salles : quelle formidable occasion pour se retourner un temps, (re)plonger au cœur d’une œuvre atypique, nostalgique et puissante, qui a su jouer des frontières — réelles, physiques, puis imaginaires entre documentaires et fictions. C’est au cinéma Les Variétés de Marseille que, du 11 octobre au 7 novembre, l’équipe s’associera aux Films du Losange — responsables de la restauration des films — pour cette belle rétrospective de neuf longs métrages, qui couvre cinq décennies d’une création hors normes. À commencer par le sublime
Alice dans les villes, qui entérinera l’idée d’un fil d’Ariane, cette quête d’identité habitant les personnages du cinéaste — le film fait partie de la
Trilogie de l’errance —, et qui marqua également d’autres lignes de fuite dans son œuvre : le trait d’union entre l’Allemagne et les États-Unis (une référence à tous ces réalisateurs allemands ayant fui le nazisme ?), et une profonde passion pour le cinéma même, Wim Wenders étant un cinéphile accompli, par sa fréquentation plus qu’assidue de la Cinémathèque Française d’Henri Langlois. Bien évidemment, les plus grands succès du réalisateur figurent parmi les films sélectionnés, de
Paris, Texas à
Buena Vista Social Club, en passant par
Les Ailes du désir ou
The Million Dollar Hotel. Comment ne pas citer ici, au demeurant, l’un de ses fidèles compagnons de route, le magistral acteur Rüdiger Vogler, extraordinaire dans
La Lettre écarlate,
Faux Mouvement ou
Au fil du temps, qui campera bien plus tard un preneur de son perdu dans les rues lisboètes, sans son réalisateur — tout un symbole ! —, errant micro en main, porté par la musique de Madredeus, dans
Lisbonne Story, film également présent au sein de cette rétrospective. Le voyage reste d’ailleurs, dans l’œuvre de Wenders, également lié à l’histoire, celle fabriquée par les femmes et les hommes, comme en témoignera, parmi tant d’autres,
Le Sel de la terre, proposé aussi par l’équipe des Variétés. Si l’on ajoute
Tokyo-Ga et
Pina, qui marque également l’immense intérêt que porte le cinéaste allemand sur le geste artistique, force est de constater qu’il sera difficile de ne pas s’abandonner à un plaisir cinématographique d’une telle intensité.
Emmanuel Vigne
Rétrospective Wim Wenders : du 11/10 au 7/11 au Cinéma Les Variétés (37 rue Vicnent Scotto, 1er).