Cap ! 

Lecture bruitée de son album par Loren Capelli, accompagnée de Marisol Mottez (musique et bruitage).

La petite fille brune aux cheveux courts et au pull rouge aime la forêt. Sa fraîcheur apaisante et mystérieuse. Elle n’a pas peur. Elle joue. Elle explore. Elle rêve. Jusqu’à ce que les animaux entrent en scène…
Cap ! est d’abord un album écrit et dessiné par Loren Capelli, un merveilleux éloge du temps qui passe, de la découverte de soi et du monde. C’est aussi un hymne à la nature et aux sensations visuelles, auditives, olfactives, qu’elle procure. Comme un grand terrain de jeu et d’apprentissage de la vie où écouter le chant des oiseaux, observer les escargots ou tremper ses pieds dans l’eau aide à grandir.
À partir de son album, Loren Capelli a imaginé un spectacle en compagnie de la musicienne et créatrice sonore Marisol Mottez. Jouée en direct et à partir de matériaux pour la plupart glanés en forêt, cette lecture propose une échappée forestière délicatement bruitée. De légers bruissements, de mystérieux craquements, la présence d’oiseaux, de gouttes de pluie ou du vent viennent ponctuer la lecture à voix haute de cet album poétique qui nous oblige à ralentir…

TNM La Criée
Le mercredi 25 mai 2022 à 15h
5 €
http://ohlesbeauxjours.fr/
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
04 91 54 70 54

Article paru le mercredi 11 mai 2022 dans Ventilo n° 464

Festival Oh les beaux jours !

Lettres capitales

   

Passer la littérature à la râpe du réel ; la frotter à ses pairs, les autres formes artistiques de narration, ou à ses pères, les écrivains et écrivaines qui lui donnent vie et forme… C’est le programme que se donne chaque printemps le festival de littérature Oh les beaux jours !. Cette année, de nouvelles « frictions littéraires » sont à prévoir entre le 24 et le 29 mai. Un corps à corps qui s’annonce passionnant, dans lequel pas moins de quatre-vingt-dix invités se retrouveront pour échanger tout au long des cinquante et un événements prévus au programme.

    Multiforme, le dispositif du festival s’autorise une large arborescence de formats : rencontres, grands entretiens, lectures sur scène, projections, performances, concerts dessinés, lectures musicales, conférences-spectacles, interventions dans l’espace public, séances de signature, ateliers participatifs… Pas de littérature en vase clos. Pas de soliloque de l’écrivain. En faisant varier les points de vue et s’entremêler les arts, l’opération consiste à rendre au champ littéraire toute sa puissance plastique. Artistes et auteurs seront ainsi amenés à mettre en contact leurs œuvres, leurs pratiques et leur rapport au monde. Une programmation foisonnante dont les multiples ramifications s’empareront de cinq lieux de culture emblématiques de la ville : le Mucem, la Criée, le Conservatoire Pierre Barbizet, le Musée d’Histoire de Marseille, et la bibliothèque de l’Alcazar. Côté contenu, le festival s’est doté de huit thématiques ; chacune d’entre elles tentant d’approcher un nœud frictionnel du maillage littéraire contemporain. Or, un coup d’œil à la titrologie suffit pour comprendre que la littérature d’aujourd’hui s’inscrit de plain-pied dans un réel en crise. Nombre d’auteurs évoqueront un monde à la dérive, entre climat déréglé, inégalités sociales, drames familiaux, guerres et illusions perdues… Des sujets graves qui tranchent âprement avec l’optimisme affiché d’une exclamative telle que Oh les beaux jours !. La même dissonance avait été constatée lors de la parution de la pièce éponyme de Beckett, en 1961. Les logorrhées teintées d’angoisses existentielles du personnage de Winnie, sa situation pour le moins inconfortable — sur scène, elle est enlisée jusqu’à la taille, puis jusqu’au cou, sous un monticule de terre —, jurait avec le titre de la pièce. Pourtant, à bien y regarder, la Winnie de Beckett s’acharne bien plus qu’elle ne se lamente : elle se sert d’une parole conative, dont le but est de faire agir, réagir son destinataire. À l’instar de la pièce de Beckett, l’une des thématiques proposées par le festival explore « ce que peut la littérature ». Or, en tant que tentative de saisie du monde par un outillage langagier sophistiqué, on peut imaginer qu’elle ait un véritable pouvoir : celui de transformer le rapport sous lequel on perçoit le réel, et donc, celui de changer l’usage qu’on en fait. Le personnage de Beckett se demande ce qu’elle ferait si les mots « la lâchaient ». La même question se pose pour la littérature. Mais tant que les mots et la mise en mots littéraire subsistent, nous avons encore toutes les raisons de parler des beaux jours.  

Gaëlle Desnos

 

Festival Oh les beaux jours ! : du 24 au 29/05 à Marseille.

Rens. : https://ohlesbeauxjours.fr

Le programme du festival Oh les beaux jours ici