La Femme Crocrodile

Comédie fantasmatique par la Cie Les Monstres de Luxe d'après Présentée vivante de Joy Sorman. Mise en scène : Mériam Korichi. Avec Valérie Crouzet.

Oyez oyez ! La mystérieuse femme crocodile retrouve pour deux jours son habitat naturel puisqu’elle sera exceptionnellement visible dans les réserves du Mucem ! Tout a commencé avec l’exploration des collections du musée par l’écrivaine Joy Sorman, qui tombe en arrêt devant une queue de crocodile, un accessoire de monstre de foire destiné à un entre-sort. Elle décide d’en faire un texte, créant un être mi-femme mi-animal. Et c’est l’adaptation de ce texte, par la Compagnie Les Monstres de luxe que 40 spectateurs privilégiés pourront voir sur les lieux mêmes où tout a commencé. Une femme-crocodile pop-pock, arrachée à sa jungle sauvage par un homme chasseur, nous raconte sa vie faite de paillettes et de glamour, ses espoirs et ses déceptions. Sur fond d’émancipation féminine et animale. Est-elle une bête devenue femme ou une femme devenue crocodile ? Tapie dans les réserves du musée, cette créature vous attirera dans les filets de son univers fantasmatique !

Joy Sorman sera présente pour un bord de plateau mercredi 25 mai, après le spectacle.

Texte : Joy Sorman
Mise en scène : Mériam Korichi
Interprétation : Valérie Crouzet
Lumière : Thierry Capéran
Costume : Elisabeth Cerqueira
Son : Bernard Vallery
Création de la queue de crocodile : Nicolas Darrot
Extraits musicaux : Thomas de Pourquery, La Femme

Production : Les Monstres de Luxe
Coproduction, soutiens et accueils en résidence : Amazones Princesas,
Théâtre de Nîmes – scène conventionnée d’intérêt national, La Halle aux grains – scène nationale de Blois, ThéâtredelaCite – CDN Toulouse Occitanie, l’Usine – Centre national des arts de la rue et de l’espace public – Tournefeuille – Toulouse Métropole, Fondation Antoine de Galbert, DRAC Occitanie, le CENTQUATRE-PARIS
Création le 3 février 2022 au Muséum d’histoire naturelle de Nîmes – co-accueil Théâtre de Nîmes.

En coréalisation avec le Mucem.


CCR - Centre de Conservation et de Ressources du Mucem
Les 24 et 25 mai : 17h30
Entrée libre
http://ohlesbeauxjours.fr/
1 rue Clovis Hugues
13003 Marseille

Article paru le mercredi 11 mai 2022 dans Ventilo n° 464

Festival Oh les beaux jours !

Lettres capitales

   

Passer la littérature à la râpe du réel ; la frotter à ses pairs, les autres formes artistiques de narration, ou à ses pères, les écrivains et écrivaines qui lui donnent vie et forme… C’est le programme que se donne chaque printemps le festival de littérature Oh les beaux jours !. Cette année, de nouvelles « frictions littéraires » sont à prévoir entre le 24 et le 29 mai. Un corps à corps qui s’annonce passionnant, dans lequel pas moins de quatre-vingt-dix invités se retrouveront pour échanger tout au long des cinquante et un événements prévus au programme.

    Multiforme, le dispositif du festival s’autorise une large arborescence de formats : rencontres, grands entretiens, lectures sur scène, projections, performances, concerts dessinés, lectures musicales, conférences-spectacles, interventions dans l’espace public, séances de signature, ateliers participatifs… Pas de littérature en vase clos. Pas de soliloque de l’écrivain. En faisant varier les points de vue et s’entremêler les arts, l’opération consiste à rendre au champ littéraire toute sa puissance plastique. Artistes et auteurs seront ainsi amenés à mettre en contact leurs œuvres, leurs pratiques et leur rapport au monde. Une programmation foisonnante dont les multiples ramifications s’empareront de cinq lieux de culture emblématiques de la ville : le Mucem, la Criée, le Conservatoire Pierre Barbizet, le Musée d’Histoire de Marseille, et la bibliothèque de l’Alcazar. Côté contenu, le festival s’est doté de huit thématiques ; chacune d’entre elles tentant d’approcher un nœud frictionnel du maillage littéraire contemporain. Or, un coup d’œil à la titrologie suffit pour comprendre que la littérature d’aujourd’hui s’inscrit de plain-pied dans un réel en crise. Nombre d’auteurs évoqueront un monde à la dérive, entre climat déréglé, inégalités sociales, drames familiaux, guerres et illusions perdues… Des sujets graves qui tranchent âprement avec l’optimisme affiché d’une exclamative telle que Oh les beaux jours !. La même dissonance avait été constatée lors de la parution de la pièce éponyme de Beckett, en 1961. Les logorrhées teintées d’angoisses existentielles du personnage de Winnie, sa situation pour le moins inconfortable — sur scène, elle est enlisée jusqu’à la taille, puis jusqu’au cou, sous un monticule de terre —, jurait avec le titre de la pièce. Pourtant, à bien y regarder, la Winnie de Beckett s’acharne bien plus qu’elle ne se lamente : elle se sert d’une parole conative, dont le but est de faire agir, réagir son destinataire. À l’instar de la pièce de Beckett, l’une des thématiques proposées par le festival explore « ce que peut la littérature ». Or, en tant que tentative de saisie du monde par un outillage langagier sophistiqué, on peut imaginer qu’elle ait un véritable pouvoir : celui de transformer le rapport sous lequel on perçoit le réel, et donc, celui de changer l’usage qu’on en fait. Le personnage de Beckett se demande ce qu’elle ferait si les mots « la lâchaient ». La même question se pose pour la littérature. Mais tant que les mots et la mise en mots littéraire subsistent, nous avons encore toutes les raisons de parler des beaux jours.  

Gaëlle Desnos

 

Festival Oh les beaux jours ! : du 24 au 29/05 à Marseille.

Rens. : https://ohlesbeauxjours.fr

Le programme du festival Oh les beaux jours ici