Nuit d'octobre
Avec une grande puissance évocatrice, Louise Vignaud nous plonge dans l’histoire d’un trou noir, celui de la nuit du 17 octobre 1961, une nuit de massacre où des manifestantes et manifestants algériens ont disparu à Paris.
La pièce suit les destins de plusieurs duos qui convergent vers le soir du 17 octobre 1961, où, à l’appel du FLN, trente mille Algériens participent à une manifestation pacifique organisée contre le couvre-feu imposé par le préfet Maurice Papon. La manifestation est violemment réprimée. Des gens disparaissent. Le lendemain, aux informations, le ministre de l’Intérieur affirme : « il ne s’est rien passé. » Alors que répondre à un père dont le corps de sa fille de quatorze ans est retrouvé quelques jours plus tard, dans une écluse ?
Faire théâtre à partir du silence, donner à penser les non-dits officiels, telle est l’ambition de ce spectacle. Sur le plateau mis à nu, les images se dessinent comme autant de pistes à interroger. Un théâtre qui assume pleinement sa mission : engager le regard du spectateur.
Mise en scène Louise Vignaud
Texte Myriam Boudenia et Louise Vignaud
Scénographie Irène Vignaud
Son Orane Duclos
Costumes Emily Cauwet-Lafont
Lumière Julie-Lola Lanteri
Maquillages et coiffures Judith Scotto
Avec Simon Alopé, Lina Alsayeb, Magali Bonat, Mohamed Brikat, Pauline Coffre, Yasmine Hadj Ali, Brahim Koutari, Clément Morinière, Sven Narbonne, Lounès Tazaïrt, Charlotte Villalonga
Du 29 nov. au 3 déc. : mer 19h - jeu, ven, sam 20h - dim 16h
6/26 €
http://www.theatre-lacriee.com/
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
04 91 54 70 54
Article paru le mercredi 22 novembre 2023 dans Ventilo n° 491
Nuit d’octobre par la Cie La Résolue
« Il ne s’est rien passé. » Telle fut la déclaration de Roger Frey, alors ministre de l’Intérieur, au lendemain du 17 octobre 1961. Ce soir-là, de nombreux Algériens (les estimations sont encore discutées, de 38 à plus de 200), qui manifestaient pacifiquement contre le couvre-feu qui leur avait été imposé dans le contexte de guerre d’indépendance algérienne, ont trouvé la mort, massacrés par la police française sous les ordres du préfet Papon. Soixante ans plus tard, Louise Vignaud et Myriam Boudenia interrogent l’histoire, celle de la plus violente répression d’une manifestation en France, mais aussi celle du silence qui s’en est suivi, à travers son omission dans le roman national et les refus successifs des présidents de la République de la qualifier de « crime d’État » (jusqu’à aujourd’hui, Emmanuel Macron préférant parler de « crimes inexcusables pour la République », en reportant l’entière responsabilité sur Papon). « Faire théâtre à partir du silence, donner à penser les non-dits officiels, telle est l’ambition de ce spectacle » qui ne se cantonne pas à la leçon d’histoire, croisant au plateau les destins des disparus et de celles et ceux qui restent. Une fiction assumée, brillante, qui trouvera un écho dans la projection de l’indispensable documentaire de Jacques Panijel Octobre à Paris, le 28 novembre au cinéma Les Variétés.CC