Agnès Varda – Les Beaux Quartiers de Marseille à la Galerie Gourvennec Ogor
Quartiers divers
En contrepoint d’une actualité sinistre, Agnès Varda nous propose une tranche de rigolade avec l’exposition Les Beaux Quartiers de Marseille, projet photographique réalisé à l’occasion de MP 2013.
Les Beaux Quartiers de Marseille, ce sont les différents quartiers qu’a choisis la plasticienne, photographe et réalisatrice de génie Agnès Varda pour faire des portraits de groupe. N’en déplaise aux géographes, il ne s’agit pas ici des quartiers aisés de la ville, mais des quartiers aux noms poétiques et chantants (souvent hérités du provençal) qui ont séduit la photographe. On se retrouve par exemple dans le quartier du Merlan, face à une boucherie où des habitants tiennent tous dans la main un merlan, le poisson cette fois, le temps de la photo. La Pomme, la Rose et l’Agenouillade sont autant de beaux quartiers aux yeux rieurs d’Agnès. Avec beaucoup d’humour, la photographe réalise des portraits d’habitués des quartiers, qui témoignent de la poésie locale de leur lieu de vie à travers des saynètes fantasques auxquelles ils se prêtent volontiers. Un court métrage dans lequel Agnès Varda met en scène une photo prise il y a des années est présenté sur le toit de la Cité radieuse. Des inconnus rejouent l’instantané de la photo sous nos yeux, bien des années plus tard.
L’exposition rappelle l’attachement qu’Agnès Varda a pour le Sud de la France. Pour Sète notamment, où elle a grandi et qu’elle met à l’honneur dans le film Les Plages d’Agnès (2008). Marseille aussi, la ville où vivait sa grand-mère. La photographe saisit dans ses clichés le cosmopolitisme marseillais, la bonne humeur et la beauté des femmes qui y habitent.
L’exposition est complétée par le projet Pas de côté de l’artiste Mahatsanga Le Dantec, dans le cadre de la cinquième édition du Prix ESADMM (Ecole Supérieure d’Art et Design Marseille Méditerranée). L’artiste y explore le farfelu et l’incongru dans l’espace urbain en photographiant des lieux, mais aussi en créant l’instant poétique. Il réalise des détournements de poteaux qu’il moule pour leur donner de nouvelles formes, qu’il replace ensuite dans l’espace urbain. Le Dantec présente également un essai documentaire, Là 440, dans lequel les passants discutent d’une cabine téléphonique avec un inconnu qui appelle la cabine téléphonique en question… Cela en explorant au passage les possibles détournements de la ville et tout en créant l’interaction avec le passant à partir de matériaux et de situations ordinaires.
Au final, les deux artistes réenchantent les espaces urbains grâce à l’humour et à la poésie, en nous enjoignant de les regarder comme des terrains où tous les jeux sont possibles.
Florence Pondaven
Agnès Varda – Les Beaux Quartiers de Marseille / Project Room : Mahatsanga Le Dantec – Pas de côté : jusqu’au 24/12 à la Galerie Gourvennec Ogor (7-9 rue Duverger, 2e).
Rens. : 09 81 45 23 80 / www.galeriego.com