Alain Bashung – Bleu pétrole (Barclay/Universal)
Il aura donc fallu (putain) six ans pour qu’Alain Bashung donne une suite au noir, monumental, symphonique et expérimental L’imprudence. Aussi attendu que redouté — comment aller plus haut ? —, ce quatorzième album est une vraie merveille, une gifle magistrale, un chef-d’œuvre à poser tout en haut d’une pile déjà vertigineuse. Après l’expérience expressionniste du précédent opus, où la psalmodie le disputait à l’injonction, le crooner se réconcilie avec la lumière, les grands espaces, le chant et les guitares folk — de Matt Ward, Joseph d’Anvers ou Gaëtan Roussel. Autrement dit, avec ce Bleu pétrole, à la source intarissable et aux idées de génie, le sépulcral Bashung rejoint le Panthéon des monstres sacrés de la musique, celui de Frank Sinatra, Johnny Cash et Serge Gainsbourg. De son vivant, ce qui vaut tout l’or (noir) du monde.
HS