Aléas de Chloé Moglia © Benoit Pelletier

Aléas au Théâtre du Merlan

3 questions à…
Chloé Moglia

 

Il existe une forme de cirque qui ne fait pas de bruit, qui prend le temps d’aborder son sujet dans la retenue, l’introspection et le sensible. Aléas de Chloé Moglia, programmé cette semaine au Merlan dans le cadre de la Biennale du Cirque, est une œuvre fascinante, parce qu’elle dévoile une scénographie qui aborde la question du théâtre dans son entièreté.

 

Le cirque contemporain est un art nouveau et cette Biennale offre une grande variété de spectacles. Où vous situez-vous ?
Je me pose pas mal de questions sur la dénomination du cirque. Je préfère d’autres termes comme la transdisciplinarité. Si le cirque reste un espace festif et chaleureux, alors je m’en vais. Il faut rester dans la recherche. Du cirque, je n’ai gardé que le trapèze et le travail sur la verticalité. Au rythme dans lequel la société évolue avec toujours plus d’images et de vitesse, je pense que la générosité, c’est offrir du vide. On va prendre le temps de rester longtemps sur quelque chose. Je prends un détail et je le déplie à la manière d’un changement de focale.

 

Vous aviez été programmée dans les Vagabondages du Merlan en 2013. Parlez-nous de cette expérience…
C’était dans un temple protestant, avec de la hauteur. Nous avons eu une discussion avec le pasteur. Il n’est pas dans le sacré, mais il ne s’agit pas non plus de faire n’importe quoi. Le divertissement lui posait un problème. Il s’est concerté avec ses confrères et ils m’ont répondu que mon travail sur l’épure et la verticalité correspondait à leur spiritualité.

 

Pouvez-vous nous parler de ce travail sur la verticalité ?
J’ai commencé par le trapèze ballant et j’ai gardé l’idée de la pesanteur et d’être suspendue au-dessus du vide. Ce à quoi on donne du poids, c’est ce à quoi on accorde de l’importance. Sur ce spectacle, je suis revenue sur l’idée de la matière. J’ai lu des revues de physique sur la masse, sur la chute. J’ai également rencontré un physicien, Etienne Klein. Les masses s’attirent les unes les autres, donc si la terre nous lâche et que la pesanteur disparaît, on se rassemble. On est tous relié à un point commun, à la manière d’un oursin. Tout cela m’amène à rêver qu’il n’y a plus de petites solitudes. J’essaie de déployer toute cette rêverie là-haut. A six mètres de haut, on ne joue pas, mais si l’acuité est déployée, il n’y a pas de danger.

 

Propos recueillis par Karim Grandi-Baupain

 

Aléas: du 5 au 8/02 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e).
Rens. : 04 91 11 19 30 / www.merlan.org / www.biennale-cirque.com

 

Pour en (sa)voir plus : rhizome-web.com/chloe-moglia