Alice au Pays des Merveilles au Badaboum Théâtre
Une petite merveille
La troupe du Badaboum fait revivre, à travers un spectacle frais et vivant, l’œuvre majeure de Lewis Carroll dans une mise en scène minimaliste. A tomber par terre.
« Badaboum ! » Alice tombe dans le terrier du lapin blanc. Les enfants assis au pied de la scène retiennent leur souffle. Il faut avouer que la chute de « plusieurs milliers de kilomètres » a de quoi impressionner. Quelques gimmicks plus tard, les parents eux aussi se prennent au jeu. Intrigués par une interprétation atypique mais efficace, ils retournent peu à peu en enfance.
Sur scène, les comédiens sont à la fois narrateurs et personnages : toute l’originalité de la mise en scène de Laurence Janner est là. Ce mouvement de va-et-vient entre les acteurs est appuyé par une réalisation musicale poignante, tandis que la réalisation vidéo de Nicolas Martin plonge les spectateurs dans un voyage au cœur du monde de Carroll, où l’absurde est omniprésent. Mais le coup de génie du metteur en scène est de faire en sorte que chacun crée son propre pays des merveilles.
Si Perle Palombe campe très bien le rôle d’Alice, l’interprétation de la Reine de Cœur par Aurore Degoit se révèle tout simplement époustouflante. « Qu’on lui coupe la tête ! Qu’on lui tranche la tête ! » Plus vraie que nature, elle incarne parfaitement ce rôle despotique. N’hésitant pas à pousser la chansonnette, elle fait preuve d’une puissance vocale impressionnante.
Seul bémol, la fin de la pièce arrive de façon abrupte : Alice se réveille et un silence pesant s’installe. Les enfants, tout comme les parents, attendent la suite, et plusieurs secondes s’écoulent avant le début des applaudissements. Mais finalement, la violence du retour à la réalité n’est que le revers de la magie qui s’est installée pendant près d’une heure.
Ugo Pascolo