Anaïs le 4/04 au Dock des Suds

Anaïs le 4/04 au Dock des Suds

Love etc.

Anaïs vient défendre sur scène l’objet de sa récente mue, The Love Album. Question : peut-on aimer une chanteuse qui n’arrête pas de parler d’amour ?

Anais-C-Kea-NOP.jpgDans notre dernier numéro, un membre de la rédaction avait écrit, au détour d’une phrase et pour faire un bon mot, que l’on « préfèrera toujours La Grande Sophie à la petite Anaïs ». Rectification : Sophie est une grande nunuche mainstream, et Anaïs une petite perle d’artiste aux mille et un talents. De cette anecdote, nous pouvons tirer un constat : Anaïs ne plaît pas (ou plus) à tout le monde. Normal : quand une nana rencontre le succès avec des chansons d’amour à la con, qui plus est très mal composées, ça crispe. Alors pensez, si celle-ci remet le couvert avec un album entier dédié à son thème de prédilection… Mais voilà : si nous avons un jour, avant même la sortie de son premier album, consacré une page entière à la jeune Aixoise, c’est qu’il devait bien y avoir autre chose. Le carton (surprise) du Cheap Show tient en un mot : personnalité. Pour la première fois depuis longtemps, le public rencontrait un petit bout de femme assez inclassable, qui se débattait seule sur scène avec sa guitare, sa déconne, ses clins d’œil et ses envies de Broadway en simili skaï. Anaïs : pas la chanteuse — la copine. Ce que le public allait très vite oublier, c’est qu’il faut du temps pour connaître ses nouveaux amis. Et Anaïs n’est déjà plus la même : bordel, elle a coupé ses cheveux. Embauché un groupe. Travaillé en studio pour accoucher d’un album ultra-produit. Qui a du mal à décoller… Si Anaïs a pu avoir le luxe de tout se permettre, c’est donc grâce à des gens qui ne voyaient en elle qu’une fantaisie d’un soir. Grossière erreur : la demoiselle voit les choses en grand, et il y a quelque chose d’extrêmement courageux à la voir s’offrir un nouveau départ, déjà. Presque un fantasme : celui d’enregistrer avec un producteur hip-hop pointu, Dan The Automator, simplement parce qu’elle avait aimé son travail sur le projet Lovage (à l’intitulé parlant). Celui de prendre un virage pop, délicieusement suranné, en assumant enfin cette voix qui ne sert pas qu’à raconter des âneries. Celui de se remettre totalement en cause, alors qu’il aurait été si simple de fourbir un Cheap Show vol.2… Alors certes, Anaïs chante toujours des trucs un peu gnan-gnan. Elle s’en défend en arguant d’un « retour à l’innocence », en phase avec la tonalité 60’s de son nouveau disque. Mais en matière de produit crossover destiné aux foules, celui-ci se pose là : une tentative réussie de concept-album avec un son d’enfer, pour ta petite sœur et ton beau-frère. Qui trouve aujourd’hui sa prolongation sur scène, où rien ne sera plus pareil. En attendant la suite. La Grande Sophie : « On voudrait tous être quelqu’un d’autre / Juste une fois dans sa vie ». Tu m’étonnes.

Texte : PLX
Photo : Kea NOP

Le 4/04 au Dock des Suds. Rens. 04 91 06 33 94
Dans les bacs : The Love Album (Polydor)
www.anaisinyourface.com