Anne Sibran – Je suis la bête (Gallimard)

Bienvenue au cœur de la forêt… A travers l’itinéraire sauvage d’une enfant abandonnée à l’âge de deux ans, Anne Sibran dévoile dans son troisième roman la poésie enténébrée de la vie animale. Il n’y a plus qu’à se laisser glisser, lentement séduire par ce long monologue d’un être gracile et farouche « élevé » par une chatte sauvage. Inconsciemment alors, on se surprend à en adopter les réflexes, le regard, la sensuelle férocité… Désormais, c’est « la bête » qui nous guide dans un dédale de sensations, de visions exprimées dans une langue originelle quasi désarticulée et pourtant ô combien essentielle. Cette plongée au cœur d’un entre-deux, bien au-delà de l’homme et de l’animal, vivifie l’étrangeté d’une parole initiatrice, qui finalement nous semble familière. Voilà ce qu’il en coûte lorsque frémit la « bête » qui sommeille en chacun.

AFH