Années 1980, un parcours photographique au [mac]
Fans des années 80
Sur une proposition des Ateliers de l’Image et grâce aux acquisitions réalisées par le FRAC et les musées de Marseille, le [mac] propose un parcours sur la photographie des années 1980. L’occasion de découvrir des œuvres significatives de l’évolution historique et artistique de ce médium.
Dans son ouvrage Art and Photography (1968), Aaron Scharf soulignait l’éternel débat sur la place de la photographie dans l’art : n’est-elle qu’imitation, négation ou continuation de la peinture ? Il faudra attendre la fin des années 80 pour que la photographie fasse son entrée dans le champ de l’art contemporain en France et que des artistes posent la question toujours ouverte de son statut : délibérément expérimentale, elle instaure de nouvelles règles et ouvre les horizons. Pour l’ensemble de ces photographes, il s’agit davantage de construire un regard, de conserver un rapport direct de confrontation au monde plutôt que de développer un imaginaire. La photo entretient désormais un dialogue non seulement avec la peinture, mais aussi avec le cinéma, l’architecture, la littérature et la sculpture. Dans ses Formes Tableaux, Jean-Marc Bustamante reprend le modèle de la peinture de chevalet, mais choisit des lieux sans qualité particulière. Le grand format et la haute qualité plastique de ces photos amènent à les penser non plus seulement comme une simple image, mais comme un objet qui prendrait toute sa place dans l’espace d’exposition. Confrontée à l’objet qu’elle représente, l’image interroge également le spectateur sur son pouvoir d’illusion et remet en question sa valeur de témoignage. On retrouve avec Patrick Tosani cette volonté de monumentalisation. Dans sa série alphabétique, il photographie des cuillères avec des éclairages différents et cherche à nous faire réfléchir sur la capacité de la lumière à faire varier notre perception sur ce qu’il nomme « l’objet photographique ». Ce qui prime ici, c’est l’expérience que permet l’image. Via son célèbre chien, Man Ray, qu’il met en scène, William Wegman pose également le problème de la perception d’une image, cette fois-ci sous un registre plus ludique, avec des images séduisantes de prime abord, qui posent néanmoins la question du déplacement du sens, mettant en lumière la façon dont, au fond, une image parle toujours d’autres images. Il serait trop long d’évoquer chacune des neuf démarches présentées dans cette exposition : l’intérêt du parcours réside dans la mise en évidence d’une photographie qui se révèle comme un médium artistique à part entière.
Nathalie Boisson
Années 1980, un parcours photographique : jusqu’au 23/05 au [mac] (69 avenue d’Haïfa, 8e). Rens. 04 91 25 01 07