Annulation du festival Les Elancées 2011
Stop ou encore
L’annulation du festival Les Elancées pour l’édition 2011 résonne comme l’écho d’une politique de rigueur budgétaire qui confond l’économie des moyens et le règlement de comptes.
Les Elancées, c’est une manifestation créée en 1999 sur la ville d’Istres et qui, par la pertinence de sa programmation, s’est étendue aux six communes de la collectivité territoriale Ouest Provence : Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Miramas, Grans et Cornillon-Confoux, regroupées sous le sigle du SAN (Syndicat d’agglomérations nouvelles). Ce syndicat a vu le jour dans les années soixante avec la ville nouvelle de Fos et l’arrivée d’une main d’œuvre venant de toute la France. Fort d’un taux de remplissage de 90 %, le festival a concentré son budget (186 000 €) et son énergie à la mise en lumière de la danse contemporaine et des arts du cirque avec un accompagnement des compagnies et des stages pour les plus petits (125 classes en 2010) qui convoquent, par là même, les parents et garantissent à ce festival un public fidèle et nombreux. Cette année, le président du SAN, Bernard Granier, a demandé à sa régie culturelle de réduire son volant budgétaire (plus de 4 millions d’euros) et a décidé de son propre chef de condamner Les Elancées pour l’édition 2011. Sans vouloir rentrer dans les raisons politiques propres à une telle décision, il est sidérant de constater qu’une agglomération, qui ne connaît au quotidien que le labeur des usines, se tire une balle dans le pied en annulant une manifestation qui définit au pied de la lettre la légitimité de la régie culturelle Ouest Provence : un établissement public de coopération intercommunale au service d’une population en grande majorité ouvrière. Au-delà de la pertinence de sa programmation, Les Elancées, c’est une manifestation avec des places à 4 € pour les familles nombreuses, c’est une programmation qui s’éloigne de la politique des scènes nationales et se consacre à des compagnies en devenir et en grande précarité. Encore une fois, le nombre ne fait plus la force et les décisions d’une minorité d’élus peuvent mettre à mal dix années de travail et toute l’économie qu’elles véhiculent. L’élu n’est pas au-dessus des lois, qu’on se le dise (encore et pour toujours).
Karim Grandi-Baupain