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ANPU – La Ville sur le divan

Psy sur la ville

 

Après des années de recherches et une méthode bien rodée, Laurent Petit et son Agence nationale de psychanalyse urbaine (ANPU) posent de nouveau leur divan à Marseille pour une dernière consultation avant d’exposer résultats et traitements appropriés dans une série de conférence et d’expos.

Trois ans qu’ils travaillent sur le cas de Marseille, et comme le dit Laurent Petit, « ça n’a pas été facile ». Notre homme et son équipe de psychanalystes urbains et d’architectes ont sillonné la cité phocéenne et les villes alentours pour déceler les névroses et les problèmes à résoudre. « On a d’abord commencé à la Belle de Mai, puis on est parti vers Port-Saint-Louis, Aubagne, Martigues… Il nous reste des bouts d’enquête à faire, mais on a déjà mis en évidence quelques problèmes : une névrose automobile, un syndrome insulaire, sans compter la défiance des autres villes vis-à-vis de Marseille ! »
Performeur mais également ancien ingénieur télécom au look de savant un peu fou, Laurent Petit n’en est pas à son coup d’essai. Avant Marseille, il y a eu Tours, Saint-Nazaire, Vierzon… Et si les traitements proposés peuvent faire sourire à leur énoncé, ils n’en sont pas pour autant dénués de sens, tout en restant compliqués à mettre en place, du propre aveu du psychanalyste. « Pour le problème de la circulation automobile, j’avais proposé que les habitants fassent don de leurs voitures afin qu’elles soient compressées et servent de matériau de base pour un nouveau transport en commun. Mais ça n’a pas été accepté, les décideurs ne suivent pas, c’est dommage. »
Pour son retour dans la cité phocéenne, l’équipe qui murmure à l’oreille des villes met en évidence l’un de ses principaux soucis de santé : le Grand Marseille. Hasard de l’actualité, l’ANPU prend donc le relais du Premier ministre auprès des Marseillais et les allonge sur le divan pour entendre leurs doléances, idées et anecdotes. « On continue à interroger les gens, rien n’est fixé. Tout ce que les habitants nous confient fait évoluer la problématique, et donc les solutions qui peuvent être apportées. » Syndrome insulaire ou faute à Gaston Defferre, le savant a déjà prévu des conférences-débats autour de la question. « Marseille est une ville immense, mais elle a un côté village. Il n’y a pas de cohésion entre les différentes villes, pas de communauté urbaine. La situation géographique y est aussi pour quelque chose, ça déteint sur les habitants. Il faut ouvrir le territoire, le désenclaver, pourquoi pas jusqu’à l’Ardèche et la Drôme, voire Alger ? Il est évident qu’il y a des liens de fraternité entre ces deux villes, les associer est logique. »

Et quand on le lance sur Marseille Provence 2013, le savant livre un diagnostic sans détour : « Gaudin ne s’intéresse pas à la culture, quel intérêt d’organiser un évènement comme ça alors qu’il n’y a pas de dynamique commune ? Marseille a quarante ans de retard sur des villes comme Bordeaux, Lille ou encore Rennes. C’est terrible mais logique. » Pourtant, loin de se décourager, ces urbanistes d’un genre nouveau ne s’avouent pas vaincus. Entre l’exposition Youpi Yeah conduite par Charles Altorffer qui décortique le schéma neuro-constructeur de Marseille, l’ostéopathie urbaine ou encore les consultations sur le divan aux quatre coins de la ville, il y a fort à parier que l’ANPU trouvera grâce à sa science atypique et poétique un traitement approprié auquel personne n’aura pensé.

 Aileen Orain

 

ANPU – La Ville sur le divan : du 12 au 27/10 à Marseille, Aubagne et Martigues.
Rens. www.anpu.fr

Opération Divan : le 5 à la Cité des Aygalades, le 6 sur l’Esplanade de la Gare Saint Charles, les 12 & 13 à la Cité des Arts de la Rue (225 avenue des Aygalades, 15e).
Pour y participer : www.lieux-publics.fr