Archéologie des Médias à Seconde Nature
Etude de la playhistoire
La vie et la mort des œuvres d’art médiatiques, tel est le thème de la nouvelle exposition proposée par Seconde Nature. Archéologie des médias est le fruit de l’étroite collaboration de la structure aixoise avec les ingénieurs et artistes du PAMAL, l’unité de recherche de l’Ecole Supérieure d’Art d’Avignon. Grande première en France, cette exposition donne une visibilité à une discipline inconnue, qui existe pourtant depuis plus de vingt ans.
Minitel, Amiga et premiers Macintosh… Il est d’usage de penser que tous ces objets désuets, aujourd’hui connotés « rétro », n’intéressent plus que les collectionneurs ; ce serait ignorer les artistes et les chercheurs convaincus de l’esthétisme artistique dont sont empreintes les technologies oubliées. Mais qu’advient-il de ces programmes informatiques conçus du temps du Minitel ? Ayant évolué dans un écosystème désormais transformé, ils répondent à un cycle de vie auquel s’intéresse précisément l’archéologie des médias. Sous les traits de ce terme pseudo-scientifique se cache en réalité un courant de recherche qui s’appuie sur une vision empirique et pluridisciplinaire de l’art et des médias. Beaucoup plus répandue chez les Anglo-Saxons, la matière intéresse de plus en plus les ingénieurs et artistes français. C’est dans les locaux spacieux de Seconde Nature que le PAMAL propose sa propre archéologie des médias à travers une dizaine d’installations d’arts numériques. Il s’agit de s’interroger sur l’émergence et l’obsolescence programmées d’œuvres qui sont le produit de l’interaction de l’homme et des machines. Parcourir cette exposition permet de se rendre compte à quel point l’idée dominante de la perpétuelle nouveauté relève du fantasme ; rien ne se crée, tout se réinvente. Pour n’en citer qu’une parmi les œuvres proposées, on retiendra Fascinum (2001) de Christophe Bruno, une installation web affichant en temps réel les photos d’actualité les plus regardées sur tous les portails de Yahoo dans le monde. Tel un voyage initiatique à travers le temps, l’amateur comme le néophyte sont invités à parcourir des salles aux allures de laboratoire. Les plus chevronnés seront contentés par la bibliographie étoffée consultable sur place. Seul bémol : une mise en scène qui ne parvient pas à s’affranchir de la froideur caractéristique des expositions d’œuvres numériques. Reste cependant une exposition originale qui fait naître des sentiments ambivalents, la sensation d’être à la fois dépassé et subjugué.
Aleksandra Lebrethon
Archéologie des Médias : jusqu’au 28/06 à Seconde Nature (27 rue du 11 novembre, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 64 61 00 / www.secondenature.org