Fuego en Castilla du Triptyque élémentaire d’Espagne de Val del Omar

Arder amando – Traversée mythique en terres de cinéma

Poétique des images

 

Du 26 septembre au 1er octobre, l’équipe du Videodrome 2 présente le cycle Arder amando – Traversée mythique en terres de cinéma, partant du geste poétique et cinématographique de Val del Omar pour questionner les points de rencontre entre expérimentations visuelles, poésie, cinéma et avant-garde. Passionnant !

 

Le critique et journaliste Lucien Wahl écrivait à l’arrivée du cinéma parlant : « Le cinéma est toujours pur quand il se tait. » Des différents degrés de lectures de cette phrase, on peut en retenir celui-ci : avant la mort du muet, à la fin des années vingt, les langages cinématographiques étaient empreints de libertés visuelle et poétique foudroyantes, un champ d’expérimentations largement labouré par les écoles russes, françaises ou mexicaines (ou chinoises, nous dit-on, mais la plupart des films ont disparu), une langue universelle qui recouvrait le grand idéal intellectuel et artistique — voire politique — d’un métalangage moderne et exhaustif. Ils furent pléthore, peintres, intellectuels, écrivains, poètes, à s’engouffrer dans ce chemin de la liberté qui dessinait un autre portrait du monde vingt-quatre fois par seconde et dont la perfection était rendue possible par le défaut humain, trop humain, de la persistance rétinienne, et l’idée de l’image rémanente. Parmi ces aventuriers modernes, il y eut Val del Omar, cinéaste, inventeur, poète, qui se jeta à corps perdu dans une œuvre transgressive à l’industrie commerciale, rejoignant les grands noms de l’avant-garde, de René Clair à Man Ray, en passant par Dali ou Buñuel. Si son œuvre fut en grande partie perdue (surtout celle des années vingt), les films existant nous éclairent sur une beauté fulgurante de l’image en mouvement. Partant du geste de Val del Omar, l’équipe du Videodrome 2 a concocté un cycle absolument passionnant de ces cinéastes poètes qui ont su transfigurer le réel, et hisser le cinéma à un niveau rarement atteint, a fortiori de nos jours. Au programme, le fameux Triptyque élémentaire d’Espagne de Val del Omar, à (re)découvrir sans modération (on pense au magnifique Fuego en Castilla), les œuvres de Costas Sfikas, Stavros Tornes et Jean Epstein, l’incontournable Que viva Mexico ! d’Eisenstein, le sublime Les Chevaux de feu de Sergei Paradjanov, le poème musical de Chris Marker Le Tombeau d’Alexandre, ainsi que trois courts de Raymonde Carasco. Une occasion unique de saisir toute la puissance poétique du cinéma sous toutes ses formes, qui se déroule à l’écran telle une matière organique, dont nous sommes l’élément d’un tout.

 

Emmanuel Vigne

 

« Arder amando – Traversée mythique en terres de cinéma » : du 26/09 au 1/10 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e).

Rens. : 04 91 42 75 41 / www.videodrome2.fr