Nouveaux regards

S’il propose une programmation ouverte à la musique, au cinéma et à l’architecture, Sam Stourdzé, le nouveau directeur des Rencontres d’Arles, s’inscrit toutefois dans la continuité des choix qui ont fait le succès du festival.

Finis les animaux et légumes multicolores des affiches des Rencontres d’Arles dessinées par Michel Bouvet. Avec l’arrivée de son nouveau directeur, Sam Stourdzé, le Festival s’offre une nouvelle identité visuelle, plus classique, plus parisienne diront certains, avec une photographie à l’envers. Le cru 2015 s’annonce comme une nouvelle étape du festival suite au décès de Lucien Clergue, un des fondateurs des Rencontres, et à l’arrivée d’un nouveau Président du conseil d’administration de l’association, l’ancien ministre Hubert Védrine. La programmation est plus resserrée, avec trente-trois expositions pour une cinquantaine les années précédentes, et s’articule autour d’un éclectisme qui a fait la renommée du festival et semble-t-il une volonté d’ouverture à des publics traditionnellement moins habitués à la photographie. Sam Stourdzé propose ainsi de regarder ailleurs (à l’envers ?), via des « Résonnances » de la photographie avec l’architecture, le cinéma et la musique.
On découvrira ainsi cinq cents pochettes de vinyles lors de l’exposition Total Records et on pourra écouter Mathieu Chédid lors d’une soirée au Théâtre Antique suite à sa rencontre avec l’œuvre de l’immense Martin Parr. Tandis que la série de quarante et une photos célèbres détournées par Sandro Miller avec le visage de l’acteur John Malkovich, qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, sera exposée à l’Abbaye de Montmajour.
Outre Martin Parr, les Rencontres proposent une rétrospective inédite de Stephen Shore, à travers sa série Uncommon places (cf. couverture Ventilo #345) et des images peu connues de Walker Evans. La séquence consacrée au documentaire sera l’une des plus étoffées avec cinq expositions, dont celle de Thierry Bouët sur les vendeurs du Bon Coin. Le traditionnel Prix Découverte a conservé sa place ainsi que les Collections, qui offrent cette année l’opportunité de découvrir le travail anthropologique du missionnaire Martin Gusinde (1886-1966) sur les habitants de la Terre de Feu.
Dernière nouveauté : le Festival intègre le Cosmos Arles Book, espace consacré aux nouvelles pratiques éditoriales qui faisait autrefois partie du Off. Du côté des lieux, les Ateliers SNCF accueilleront cette année encore des expositions, même si leur avenir reste incertain. Les Rencontres investissent donc un nouvel espace, les Papeteries Etienne dans le quartier de Trinquetaille, pour la Nuit de l’Année, le 9 juillet. Histoire une nouvelle fois d’aller voir ailleurs.

Carole Filiu Mouhali

Arles 2015, les Rencontres de la Photographie : du 6/07 au 20/09 à Arles.
Rens. : www.rencontres-arles.com

La programmation de la Semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles avec les Nuits de la Photographie ici