Arrietty le petit monde des chapardeurs – Animation (Japon – 1h34) de Hiromasa Yonebayashi
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Depuis leur création en 1985, les Studios Ghibli ont tellement œuvré dans le domaine de l’animation qu’il devient difficile de dire du mal de leurs sorties, même quand celles-ci sont de qualité plus mineure. Et il se trouve qu’Arrietty — projet supervisé et scénarisé par Miyazaki et réalisé par Hiromasa Yonebayashi, un de ses assistants — fait vraiment partie de la tranche moyenne des longs métrages produits par le studio japonais, à ranger aux côtés de Kiki, la petite sorcière, Le Monde des chats ou encore Omoide Poroporo. Donc pas d’orgasme en vue… Pourtant l’animation est de qualité (même si les arrières-plans sont moins travaillés), les personnages plus qu’agréables à regarder, l’utilisation des couleurs identiques à la coutume Ghibli, le scénario cohérent et écolo… Qu’est-ce qui cloche donc ? Quand en 2006, pour Terremer, Miyazaki confie les clefs du royaume à son fils, le résultat s’avère très moyen. A croire que lorsque le maître veut se détacher d’un projet, la relève peine à s’approprier les ingrédients artistiques et intellectuels qui confèrent cette touche si spécifique à Mononoke, Totoro ou Chihiro. La limite problématique de la succession se pose avec évidence. Et Arrietty n’y échappe pas. On suit cette histoire d’abord avec joie. Le monde de ces petits chapardeurs a quelque chose de magique dans le premier quart d’heure (et d’autant plus pour ceux qui ont vu l’adaptation américaine ratée de Peter Hewitt), mais ne tarde pas à s’essouffler. Vite. Très vite. Trop vite. Un manque de rythme handicapant se greffe aux images. On aimerait pourtant que cette histoire progresse, gagne en péripéties, en intensité. Mais ça ne viendra jamais. Pas de course folle, pas d’empathie, pas de démesure. Pas de fantaisie. Juste un joli film sage. Trop sage. Dommage…
Lionel Vicari