Derrière quelques nuages épars, les rayons de soleil nimbent la Corniche de reflets dorés. Piétons et cyclistes se partagent le bitume surplombant la mer, tous le sourire aux lèvres. On est là en famille, entre amis ou amoureux, on profite de la douceur de vivre. Plus bas, plages et rochers ont fait le plein de monde. Frisbees et ballons se partagent le ciel. On paresse, on joue, on se baigne. Seuls les clochettes de vélo et les rires d’enfants troublent — à peine — la quiétude ambiante, en ce jour où « la voie est libre ». Ce rendez-vous mensuel imaginé par la nouvelle équipe municipale nous laisse entrevoir un monde dans lequel la voiture n’a plus droit de cité, un monde plus serein et moins violent, où tout n’est (presque) que calme et volupté. Une parenthèse enchantée dans cette jungle urbaine et assourdissante qui règne sur notre quotidien.
Une petite rengaine vient toutefois gâcher la fête. Un paradoxe. Nous sommes le 23 octobre. Certes, l’été indien n’est pas qu’une expression ou une chanson dans la cité phocéenne, qui s’est réellement parée, en ce dimanche, de tous les atours de la « capitale du cool » qu’on lui prête si souvent à l’extérieur. Mais nous sommes le 23 octobre. La température de l’air avoisine les 30 degrés, celle de l’eau convient même aux plus frileux. Et cette incroyable douceur météorologique devrait durer encore un peu, au moins jusqu’à la Toussaint, avant qu’une terrible vague de froid ne s’abatte sur l’hexagone cet hiver, que l’on nous prédit comme le plus glacial depuis des décennies. Nous sommes le 23 octobre, beaucoup transpirent et tout le monde se baigne ; le raisin côtoie aussi bien les fraises que les clémentines sur les étals des primeurs. Il n’y a, littéralement, plus de saison. Nous sommes le 23 octobre et notre insouciance a quelque chose de coupable. « Notre planète brûle, et nous regardons ailleurs » : jusqu’à quand ?
CC