Avant que j’oublie – (France – 1h45) de et avec Jacques Nolot, Jean-Paul Dubois…
Au risque de briser l’ambiance Ecole des fans, il faut ici ranger les cartons couperets « chef d’œuvre » ou « navet ». En effet, apprécier (ou pas) Avant que j’oublie dépend essentiellement de ce que l’on vient chercher…
60 ans, toujours pédé
Au risque de briser l’ambiance Ecole des fans, il faut ici ranger les cartons couperets « chef d’œuvre » ou « navet ». En effet, apprécier (ou pas) Avant que j’oublie dépend essentiellement de ce que l’on vient chercher au cinéma car, radical, le dernier Nolot à la particularité de ne laisser aucune chance au public venu pour se divertir. Pierre, un homo parisien vieillissant, sombre dans la dépression. Si peu de mots vous invitent à voir ce film dans la phrase qui précède, ce n’est rien à côté du traitement choisi par le réalisateur/acteur pour se raconter. Ainsi, l’absence de suspens : on le sait, Pierre ne rajeunira pas, ne retrouvera pas sa petite gueule et restera toujours attiré par des hommes jeunes qui n’en veulent qu’à son fric. Pour finir, il ne guérira pas du sida. Pour autant, cette plongée dans la lumière crue des pipes (à cent euros), qui égalent l’avilissement des séances de psy (à quatre vingt euros), n’est-elle qu’insupportable, sordide ou ennuyeuse ? Au-delà de l’irritation provoquée par le râle de ces vieilles pédales pédantes et vénales qui geignent sur leurs sorts de salopes au rebut, Avant que j’oublie est avant tout un ambitieux chantier qui affronte avec sensibilité et franchise tous les thèmes qui nous hantent mais devant lesquels chacun baisse les yeux. Et parle d’autre chose. On dit « Vivre libre ou mourir » et « Crever seul comme un chien ». Mais vivre seul à soixante ans, ça a quelle gueule ? La trilogie courageuse et touchante de Jaques Nolot est à saluer car — devant l’urgence et puisque personne ne s’y colle — , il paye généreusement de sa personne sans s’épargner de son dégoût.
Emmanuel Germond