Babel Med Music 2011, salon et festival des musiques du monde

Babel Med Music 2011, salon et festival des musiques du monde

Med in Marseille

Sans prendre une ride, Babel Med Music monte dans les tours et fête sa septième édition. Le chant des mondes a trouvé sa voix et son public. Petit aperçu d’un festival qui a su placer l’humain au cœur d’une nouvelle géopolitique musicale. En piste !

Si, pour beaucoup de néo-cultureux, les musiques du monde sont un gage d’ouverture et de mixité, elles sont pour d’autres au cœur même des enjeux patrimoniaux et économiques. On n’écoute pas du maloya comme on fait un don à l’Unicef. Pour vivre, les musiques du monde ont besoin d’être connues et reconnues par le public et aussi (surtout ?) par les professionnels du monde musical. Babel Med Music est né de ce constat et de cette volonté de créer un lieu de rencontre et d’échange pour les programmateurs, directeurs artistiques, distributeurs, journalistes… Mais aussi pour les artistes et le public, sans qui Babel ne serait qu’un marché des musiques du monde et non un véritable festival. C’est peut-être la principale réussite de la manifestation : avoir trouvé la formule pour combiner en un même lieu et une même période un festival original et un marché pour les professionnels de tous bords. Le soir, le Dock des Suds se transforme en salles de concert, accueillant des milliers de curieux pour qui Babel se résume à sa seule partie visible, ou plutôt audible. Plusieurs scènes, plusieurs bars et restaurants… : Babel Med Music a des petits airs de Fiesta, les têtes d’affiche et la cohue en moins. En journée, l’évènement vit au rythme des conférences, des rencontres, des débats, des projections, des remises de prix, des plateaux radio en direct… Le ton est plus posé, les thématiques abordées plus complexes, mais ce sont les mêmes sourires qui animent les rencontres pros de l’après-midi et les soirées festives du Dock. Babel de jour, comme de nuit, respire la décontraction et la sympathie. Une sorte de meilleur des mondes qui réserve à tous, et surtout au public, son lot de surprises, mais aussi de déceptions. Aller à Babel, c’est un peu comme aller aux champignons : on ne sait jamais ce qu’on trouvera, mais on est toujours content d’être allé y faire un tour. C’est la contrepartie logique d’une programmation riche et variée ; avec une trentaine d’artistes invités pour trois soirs de concerts, trois scènes, plusieurs milliers de personnes attendues, Babel joue le jeu de l’ouverture et de la mixité. Des musiciens venus de tous les continents, et même de Marseille : pas besoin de low-coast pour voyager pas cher, Babel est là ! Et comment vous parler de musiciens qui jouent ici pour la première fois ? D’ailleurs, vous conseiller tel artiste plutôt qu’un autre, telle scène ou telle soirée plutôt que les autres, est un pari bien audacieux ; à Babel, les prévisions sont périlleuses. Mais comme on est joueur, on s’y est risqué (voir Les cartes en main ci-dessous), et si nos pronostics égalent ceux de l’année dernière, on ne saurait trop vous conseiller de les suivre. Bonne ou mauvaise pioche, l’essentiel est ailleurs : on sera là pour partager un peu de convivialité et un peu plus que de la musique, car Babel Med mêle intelligemment art et économie, fête et réflexion, éphémère et durable. Vous connaissez maintenant la chanson : Babel des chants, tout le monde l’aime tant…

nas/im

Babel Med Music, salon et festival des musiques du monde : du 24 au 26/03 au Dock des Suds (12 rue Urbain V, 2e). Rens. 04 91 99 00 00 / www.dock-des-suds.org

babel-selection.jpg

Les cartes en main

A l’heure de la légalisation des paris sportifs et du poker en ligne, Ventilo vous annonce la couleur et sort ses cartes maîtresses. Pas besoin de bluff, inutile de relancer : vous tenez ici la combinaison gagnante.

Miquel Gil (le 24)
Avec sa voix éraillée à faire passer Paolo Conte pour ma petite cousine, Miquel Gil joue la carte de la Méditerranée plurielle, de l’Espagne à la Turquie, faisant vibrer son timbre si particulier et sa poésie mélancolique au rythme des traditions métissées de nos beaux rivages. On parie tous nos jetons que vous succomberez, comme nous, au charme de ce brillant Catalan.
www.miquelgil.com

Fedayi Pacha (le 25)
Loin du métissage foireux que nous livrent souvent les combinaisons ethnique/électronique, Fedayi Pacha fait vibrer les musiques orientales au gré des rondeurs et des langueurs d’un dub hypnotique. De la suite dans les idées, de la couleur dans les timbres, du carré dans le rythme, ce jeune producteur français maîtrise l’art de la relance et garde toujours la main. Une main d’acier dans un gant de velours.
www.fedayipacha.net

Juju (le 24)
Il est ici question de paire, mais quelle paire ! Juju, c’est Justin Adams et Juldeh Camara, soit un guitariste anglais de renom, qui a notamment collaboré avec Robert Plant, et un griot gambien joueur de violon et de luth. Une paire d’as ! Une formule imparable, dansante et novatrice. Blues, rock, dub… vos adversaires se coucheront les uns après les autres. Faites monter les enchères, cette partie est pour vous.
www.myspace.com/juldehcamarauk

Sashird Lao (le 24)
Alors là, ça va faire mal ! Ce trio niçois a trouvé la formule entre jazz, électronique beatbox et groove ethnique. Le brelan imparable ! Cela rappelle parfois les belles heures du label anglais Wall of Sound, la touche jazzy et vocale en plus. Leur premier album était une vraie réussite. On attend avec beaucoup d’excitation leur passage à Babel. Un jeune groupe local, mais une valeur sûre, très sûre.
www.sashirdlao.com

Istanbul Sazendeleri (le 25)
Voyage aux sources de la musique orientale « classique » avec cet ensemble turc qui joue dans les hautes sphères de la musicalité. Entre la rareté des pièces jouées (certaines datent du Xe siècle !) et la virtuosité de ses musiciens, Istanbul Sazendeleri fait figure de suite royale. Vous pouvez vous prendre vos aises sur le tapis vert, la donne est parfaite. Personne ne pourra surenchérir.

Blue King Brown (le 25)
Babel s’ouvre aussi aux pulsations urbaines, et on oublie ici les racines et les traditions avec ce Blue King Brown qui fait plutôt dans le groove urbain façon hip-hop/R&B, une sorte de The Roots à la sauce australienne. Cette combinaison n’est peut-être pas la meilleure main que vous aurez pendant le festival, mais elle devrait vous permettre de passer un moment plutôt agréable.
www.bluekingbrown.com

Kabbalah (le 26)
Vous tenez peut-être là le meilleur groupe de scène marseillais. Avec une énergie débordante et un son d’une épaisseur étourdissante, Kabbalah fait vibrer la musique klezmer au rythme des pulsations rock, hip-hop, jazz ou orientales. Avec eux, le folklore juif originel est véritablement entré dans une nouvelle ère. Le groupe possède suffisamment de bonnes cartes dans son jeu pour rafler la mise finale.
www.kabbalah-music.net