Le tour du monde en trois jours

A la fois festival et salon professionnel, Babel Med Music s’est imposé en dix ans comme un rendez-vous international inévitable, faisant de Marseille une plaque tournante où se joue en partie l’économie des musiques du monde.

Pour la dixième année consécutive, Marseille s’apprête à accueillir le gratin du monde de la world music, terme anglophone fourre-tout, régulièrement contesté, pour définir l’ensemble du spectre musical à travers toutes ses spécificités. Autrement dit, des musiques ethniques. S’il est difficile de trouver une bonne définition, le plus parlant est encore de s’en remettre à l’excellente et éclectique programmation de Babel Med. Car du reggae de l’ex-Gladiators Clinton Fearon à la cumbia digitale de Dengue Dengue Dengue, du crooner italien Gianmaria Testa au fado de Lula Pena, ou encore du griot électrique malien Bassekou Kouyate au jazzman libanais Rabih Abou-Khalil, tous peuvent être affiliés — à juste titre — à la world. Mais par son ouverture d’esprit et sa soif de découverte, le public marseillais s’est affranchi depuis bien longtemps de ces considérations sémantiques et s’approprie, trois jours par an, cet événement d’envergure internationale.
En effet, Babel Med n’est pas qu’un festival parmi tant d’autres. Il est le prolongement nocturne et grand public d’un salon professionnel qui attire des exposants et des visiteurs venus tout spécialement  des quatre coins du globe. Labels, managers, tourneurs, organisateurs de festivals se pressent le jour dans les travées du Dock des Suds afin d’échanger, de nouer des contacts, voire de signer des contrats susceptibles de dynamiser leurs carrières. Une vingtaine de conférences, animées par des professionnels et des intervenants parfois prestigieux, sont également proposées. Cette année elles sont référencées selon trois catégories : Babel Eco, tables rondes sur les leviers économiques des musiques du monde ; Babel Panorama, focus sur des panoramas, des histoires, des coups de cœur et des révolutions sonores ; Babel Expérience, rencontres sur le partage d’expériences et les recherches sur la diffusion des musiques. Si les tarifs des stands sont très corrects, celui de l’entrée au salon pour un visiteur, entre 95 € et 110 €, est assez dissuasif même s’il permet aux plus motivés de s’assurer un bon carnet d’adresses. Heureusement, l’entrée aux concerts reste très abordable, tandis que les Ecrans de Babel offrent une sélection de films autour des musiques du monde projetés aux ABD Gaston Defferre, gratuitement et sur réservation. L’occasion rêvée de parfaire sa culture musicale et de partir à la découverte des peuples du monde sans se ruiner.

Laurent Jaïs

Babel Med Music : du 20 au 22/03 au Dock des Suds (12 rue Urbain V, 2^e).

Les Ecrans de Babel : du 20 au 22/03 aux ABD Gaston Defferre (18/20 rue Mirès, 3^e).

Rens. 04 91 99 00 00 / babelmedmusic@gmail.com / www.dock-des-suds.org

Le programme détaillé de Babel Med Music et des Ecrans de Babel ici

Focus sur Ahamada Smis

Enfant du rap à la croisée des chemins avec le slam et le conte, le Marseillais a sorti en novembre dernier (et via sa structure Colombe Records) son deuxième long format, Origines, au plus proche des musiques traditionnelles comoriennes, mais pas seulement. Inutile de paraphraser : « Enregistré avec un studio mobile à la source du sambé, du twarab, du mgodro, du maloya, ce projet s’inspire de l’héritage musical arabobantu de l’océan Indien. » Une aventure autant riche par sa conception musicale et artistique que par les rencontres, humaines, qu’elle a provoquées. De Mayotte à Grande Comore en passant par Zanzibar ou la Réunion, Ahamada puise dans la tradition orale populaire pour en extraire toute sa poésie. D’un Sud à l’autre, Origines est à mettre dans toutes les mains, car il est non seulement l’œuvre de plus d’une vingtaine d’artistes talentueux vivant à l’autre bout du globe, mais aussi celle d’un incontournable de la scènes musicale marseillaise.

JSa

Dans les bacs : Origines (Colombe Records).