Atmosphère. Trois Marseillais sont encore morts pour rien, du shit en fumée. Un car de retraités prend feu, l’info continue ressasse le banal accident, si ce n’est son ampleur. Deux mineurs de quinze ans sont assassinés en plein Marseille, on règle des comptes. L’histoire d’un nouveau fait-divers colorerait la page d’une Marseille folklorique qui n’en finirait plus de ne pas changer. Doit-on se résoudre à tenir le décompte des morts dans le journal ? A égrener les noms des victimes d’une prohibition meurtrière ? La lutte contre le trafic de stupéfiants met en œuvre des moyens publics colossaux, depuis les services de police, mobilisés en masse, en passant par la justice et la prison, concentrées autour de cette réalité. Seule réponse officielle : plus de moyens à la répression. Des peines de prison accrues. Emplissons le tonneau des Danaïdes de fonds publics. Ils ne sont pourtant pas dupes. Ils savent qu’ils vident la Méditerranée à la cuillère. Que les consommateurs sont trop nombreux. Que le trafic nourrit beaucoup de monde, du Maroc jusqu’en France. Les réseaux de trafiquants sont organisés comme des entreprises, mais en mode néolibéral. Les petits font le sale boulot, passent par la case Baumettes et sont mis à l’amende au moindre faux pas. Les actionnaires attendent le cash et mènent les OPA hostiles à coups de 9 mm. Les voix sont légion pour adopter une réponse efficace. Une légalisation contrôlée qui tarirait petit à petit le flot d’argent criminel et ruinerait les points de vente. Un rapport récent du Trésor britannique révèle que la légalisation rapporterait un milliard d’euros par an. L’Uruguay l’a fait. De l’argent commun pour payer des médecins, des associations, des écoles et prévenir la consommation abusive. On attend une volonté politique. On n’entend rien. A force de le constater, ce manque de courage nous plombe tous.
Victor Léo