Bernard Jean à La Criée

Bernard Jean à La Criée

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strong>Du bleu aux lames

Maître provençal du vibraphone, l’instrument aux lames musicales, Bernard Jean vient faire swinguer le cabaret jazz de La Criée le temps d’un concert.

Si le vibraphone est trop souvent identifié à l’ère swing et à Lionel Hampton, c’est avec l’évidence d’une révélation jazz qu’il s’est imposé à Bernard Jean : « En 1984, je vivais à Paris. Un soir, je suis allé au New Morning écouter la formation du batteur Philly Joe Jones… et à ses côtés, le vibraphoniste Bobby Hutcherson. Je l’avais déjà entendu sur des enregistrements de McCoy Tyner, mais là, le voir jouer… Je serai vibraphoniste ! » Jazzman absolument décomplexé, il s’impose pour participer à des projets ambitieux, comme AtmoSphere Monk (par le Leo Quartet), regroupant de nouvelles versions de standards « monkiens » aux côtés d’Américains enragés (John Betsch et Kirk Lightsey). Son expérience lui permet donc de proposer un regard intéressant sur le jazz dans la région : « Comme on a pu le remarquer, chaque ville abrite des musiciens intéressants. Peut-être une remarque sur le fait qu’à Montpellier par exemple, les musiciens sont plus dans une recherche musicale originale alors qu’à Marseille, on tourne plus autour d’une tendance bop, hard bop. » Il s’acoquine donc avec les meilleurs musiciens régionaux, notamment à partir du foyer avignonnais de l’AJMI (Association pour le jazz et la musique improvisée), où il illustrera musicalement une conférence sur son instrument de prédilection donnée par le directeur artistique Jean-Paul Ricard (le 17). Mais les qualités de Bernard Jean sont également appréciées dans la cité phocéenne, en particulier par Michel Antonnelli, l’insatiable parrain du Cri du Port. Et c’est avec l’inaltérable guitariste local Paul Pioli qu’il monte un quartet sans basse, conviant également Lionel Dandine à l’orgue et Thierry La Rosa à la batterie. « L’originalité vient de la rareté de ce style de formation. La difficulté étant que l’orgue, la guitare et le vibraphone sont des instruments qui peuvent rapidement se marcher dessus. Mais n’oublions pas que le musicien est plus important que l’instrument. Du coup, si l’on joue avec des musiciens intelligents, les choses deviennent simples… » Loin d’être un passéiste, Bernard Jean se retrouve aussi aux côtés de l’excellent rappeur avignonnais Dizzylez dans un projet hip-hop des plus convaincants. Gageons que les lames de son vibraphone sauront encore longtemps se mettre au service des meilleures vibrations !

Laurent Dussutour

Bernard Jean : le 11/03 à La Criée (30 Quai Rive Neuve, 7e).
Rens. 04 91 54 70 54 / http://www.myspace.com/bernardjean