Bilan Arts du geste (danse / cirque contemporain / arts de la rue) 2010
Risque Zéro par la Cie Galapiat
du 11 au 15/12/2009 au Théâtre des Salins (Martigues)
Etrange mise en abyme que ce Risque Zéro, où la part de danger, inhérente au quotidien du circassien, est soudain révélée, admise, assumée, revendiquée. Les artistes de la compagnie voltigent du sommet de leur trapèze, de leur mât chinois ou de leur bascule. Ils jonglent avec des haches et des fléchettes, nous renvoient ce « risque » omniprésent, comme un compagnon de vie avec lequel il faut cohabiter
risque de la vie en groupe, de rapports humains, des émotions, comme risque de tomber, de se blesser. Et cette volonté de faire malgré tout, qui ne cesse de nous mouvoir tous. De vivre en fait…
Turba de Maguy Marin
le 5/03 au Théâtre des Salins (Martigues)
Turba est un grand spectacle. Maguy Marin a choisi les textes de Lucrèce pour philosopher sur la danse. Ici, nul mouvement esthétisant et trop formel, mais un travail qui place en son centre la voix — étrangère et presque chantée, cette curieuse voix venue d’un autre temps qu’est la langue latine. Si un livret donne la traduction en français, on s’abandonne rapidement à la scénographie foisonnante et luxueuse, aux costumes fleuris et à l’univers sonore presque angoissant. On en sort revivifiés, pleins d’espoir qu’une autre langue scénique est possible et ce, sur les plus grands plateaux.
Yvonne Rainer + Meredith Monk
du 6 au 8/05 + du 4 au 6/06 à la Friche (prog. Marseille Objectif Danse)
Le printemps de MOD fut enchanté par la venue des deux étoiles de la danse moderne américaine. Si leur renommée internationale est égale, il n’en reste pas moins que leur souvenir nous a laissé des émotions différentes. Yvonne Rainer nous a épatés par son brio et la pertinence de ses propositions, à la fois conceptuelles et à l’épreuve de l’expérience, tandis que Meredith Monk nous a fait vivre la magie d’un conte blanc. Sa présence diaphane, presque portée par sa voix cristalline, dessine un chemin de vie sur un plateau immaculé, ensorcelant et nos yeux et nos oreilles.
L’Oubli, toucher du bois de Christian Rizzo
les 26 & 27/06 à la Salle Vallier dans le cadre du Festival de Marseille
D’une alchimie sensible, la dernière création de Christian Rizzo nous a offert un rare moment de danse. Six hommes et une femme font et défont l’espace, caressant musicalement le plancher, jouant des ombres et des lumières, toujours sur le fil de l’évocation, dans le silence des formes. Tout en douceur, la mort, plus que les vivants finalement, disparaît, car cet Oubli-là nous laisse un souvenir magique, qui vibrera encore longtemps. Entre émotion esthétique et expérience troublante, le chorégraphe signe, dans une scénographie faite de bois, une œuvre ciselée et précieuse.
Foofwa d’immobilité
le 26/06 aux Bernardines dans le cadre du Festival de Marseille + du 19 au 25/07 au Festival d’Avignon
Foofwa rend hommage à Merce Cunningham, Rauschenberg et John Cage dans un solo, (Re)musings. L’homme nu, à la plastique parfaite, le corps peint de taches de couleurs dégoulinant sur le sol au fur et à mesure de la danse, transforme le plateau en une composition picturale qui nous enchante par la grâce de ses mouvements et son humour délicat. A Avignon, il s’empare de Jean-Luc Godard avec Au Contraire (les mots choisis par le cinéaste pour sa pierre tombale). Dans un montage de saynètes, Foofwa, toujours nu (!), revisite sa propre histoire de danseur au fil des films du Suisse. Voilà Foofwa le Fou.
Small is beautiful
du 6 au 23/10 à Marseille, Aubagne et Martigues
Pour sa quatrième édition, le rendez-vous urbain concocté par Lieux Publics s’est révélé à la hauteur de nos attentes, proposant une exploration surprenante et éclectique de notre territoire. Parmi les seize propositions, on retiendra notamment le jeu de rôles grandeur nature proposé par le Collectif Ici-Même (Paris), le parcours sonore et visuellement émouvant de ZEVS, la rencontre avec l’artiste Stephen Bain sur la « terrasse » de son cottage miniature ou encore la ballade végétale et urbaine de la compagnie Victor B. Bref, un festival pas si small que ça, mais ô combien beautiful !
Les nuits d’été de Thierry Malandain par le Ballet National de Marseille
du 14 au 16/10 à l’Opéra de Marseille
Cette pièce symbolise à merveille le lien étroit qu’entretient le BNM avec le pas compté. Loin des enjeux contemporains du collage, Thierry Malandain travaille sur le phrasé et la fluidité du geste dans le temps et le contretemps. Il marie intimement la partition musicale au corps en déséquilibre. Dans cet art presque vain de retrouver les fondamentaux du classique, il existe des bribes de champs à explorer, à la manière d’un zoom sur le répertoire. La sensibilité est une affaire de justesse dans la façon de pointer un léger décalage, une parenthèse, une affirmation sur la pointe des pieds.
Last Meadow de Manuel Gutierrez & the Powerful People
les 5 & 6/11 au Pavillon Noir (Aix)
Avec Last Meadow, Miguel Gutierrez présente une ode au mythe de la jeunesse des fifties qu’incarnait le magnétique James Dean. Par un savant jeu de montage qui nous fait traverser les films du héros, échangeant les identités masculines et féminines en spécialistes de la performance queer, les Powerful People se déchaînent sur le plateau dans une énergie qui devient contagieuse. Cette extravagance, c’est celle qui emmène les âmes perdues. Une virée sauvage qui peut s’avérer belle et mortelle, en perpétuel mouvement vers la déchéance d’une jeunesse dorée.
Espiral par la Cie Léa P. Ning
les 26 & 27/11 au 3bisF (Aix) dans le cadre de Dansem
Que présenter sur une scène dite contemporaine ? Telle est la question que se pose Léa P. Ning. A partir de la réhabilitation de pratiques artistiques désuètes et dans un bric-à-brac de masques, de poupées Barbie© et marionnettes en peluche, de licornes de carnaval, talons argent et nipples de cabaret, la forme du gag devient le fil conducteur d’Espiral. Tous les ingrédients de la farce sont réunis, portés par la qualité de ses interprètes : un Arnaud Saury fantasque et toujours surprenant, une Viviana Moin exubérante et généreuse, et une Laure Mathis dégingandée, absolutely fabulous.
L’homme de l’Atlantique d’Olivier Dubois
le 23/11 au Théâtre des Salins (Martigues)
Quand la danse contemporaine s’attaque au star system par le biais de la comédie musicale, le sourire reprend ses droits. Dubois ose le pari de s’habiller dans les costumes de Sinatra. Il incarne le mythe dans une chorégraphie millimétrée, du pas de deux au one man show, jusqu’à en perdre le souffle. Quand le corps flanche, il rejoint sa chambre et cette femme qu’il a invitée pour la maltraiter. Les vêtements volent, les boîtes à chaussures dégringolent, on frôle le viol et l’espace devient l’habitat d’un fou. Mais l’image impeccable du mythe reprend toujours le dessus
the show must go on !
Ils auraient pu y être…
Volchok par le Cirque Trottola
du 5 au 14/03 Friche Belle de mai (prog.
Théâtre Massalia)
Medo + Flores par la Cie Membros
du 2 au 12/03 au Théâtre du Merlan (cf. Ventilo # 257)
La natura delle cose de Virgilio Sieni
les 1er et 2/04 au Théâtre du Merlan (cf. Ventilo # 258)
Tendance Clowns
du 30/04 au 23/05 au Daki Ling et au Chapiteau Gardens (cf. Ventilo # 261 + #263)
Gardenia d’Alain Platel par les Ballets C. de la B.
du 9 au 12/07 au Festival d’Avignon
Myouto de Perrine Valli
les 29 & 30/10 au Théâtre des Bernardines dans le cadre de Question de danse/Dansem (cf. Ventilo # 269)
Intérieurs nuit par le collectif K.O.com
du 1er au 3/12 à la Friche la Belle de Mai dans le cadre de Dansem
Nebbia par le cirque Eloize
du 3 au 5/12 au Théâtre Toursky