Les cinq finalistes du 8e Prix de peinture Mourlot (Avril à la galerie de l’Esbam)
Ce prix de peinture décerné depuis huit ans a le mérite de montrer le dynamisme et la vivacité d’un médium trop souvent considéré comme désuet. Il s’est conclu par une exposition des cinq finalistes : Christophe Boursault (le lauréat), Julie Dawid, Nicolas Pilard, Caroline Challan Belval et Elisabeth Fleury. Les peintures des trois derniers artistes cités ont retenu davantage notre attention, en exprimant une perception singulière du monde et de la peinture ensemble par des chemins très différents.
Bettina Samson et Julien Tiberi – Stratos Fear (Avril-juin à la Galerie RLBQ)
Les deux artistes réalisent ici un véritable tour de force en créant un dialogue fécond entre leurs œuvres — par le choix d’un point de départ commun (des rêveries sur des phénomènes spatio-temporels réels ou fictifs) et l’institution d’une logique de l’appropriation. Tout en affirmant, chacun à leur façon, l’originalité de leurs créations : mise en œuvre de tensions visuelles et interprétatives chez la première, enchevêtrement de références sur un mode ironique et fantasmagorique chez le second.
Personne ici n’est innocent (Avril-mai à la Galerie de la Friche. Programmation : Triangle)
On préfère voir un Van Gogh plutôt que dix Monticelli : c’est comme ça, parfois une pièce suffit. De l’expo collective Personne ici n’est innocent, on a surtout retenu la pièce de Kjersti Andvig, une cellule de détenu reconstituée dans ses pires abjections au tricot. L’œuvre est assez forte pour marquer à tout jamais votre esprit, même si le reste de l’expo devient flou avec le temps… Mais le ton y était, et voilà l’une des expériences les plus fortes que l’on ait pu vivre cette année à Marseille.
Alice Anderson – Miroir-Miroir, La traversée des apparences (Mai-août au FRAC PACA)
Dans un univers à la fois merveilleux et effrayant, l’artiste revisite les contes en manipulant leurs structures et en amplifiant leurs ambiguïtés. Instituant une relation entre les dispositifs de visibilité adoptés et les images elles-mêmes, elle favorise un sentiment d’enfermement chez le spectateur renvoyé à ses propres angoisses. Par un subtil jeu de renvois, données matérielles et immatérielles, dynamique des images et dynamique de l’esprit entrent en résonance pour interroger la quête identitaire.
Steiner, l’aventure du design (Mai-septembre au [mac])
L’exposition estivale du [mac] nous a plongés dans le mobilier épuré et coloré de la célèbre marque de design français. En retraçant l’évolution de l’entreprise des années 20 à aujourd’hui, elle montre son souci constant de modernité et de renouvellement. Un bel hommage à une marque entrée dans les mœurs, puisque nous connaissons tous, sans trop le savoir, un de ses modèles de chaise ou de canapé. On en ressort cependant un peu frustré de n’avoir pu tester ces fauteuils, a priori si confortables !
Art-O-rama (Septembre à la Cartonnerie)
Art-O-rama est une foire, pas une exposition ; comprenez par là qu’il n’y a pas à proprement parler de geste curatorial. Néanmoins, à l’heure où deux des plus grandes institutions d’art contemporain (le [mac] et la Fondation Vasarely à Aix) agonisent, on ne pouvait que se réjouir de voir le must des galeries internationales spécialisées dans le genre, réunies pour la deuxième édition de la manifestation. Côté œuvres, on se serait déplacé uniquement pour voir la pièce de Dustin Ericksen et Moke Rogers…
Portes ouvertes Consolat : Les Consolations (Octobre dans le quartier Consolat)
Dans une quarantaine de lieux, les meilleurs lots de « Consolations » ont permis de découvrir une pépinière de talents. A l’initiative d’Andiamo, l’évènement aura été marqué par les graffeurs de l’Artmada, les énigmatiques productions de Sylvie de Villepontoux, les illustrations acidulées de Frank Omer, les trésors de la caverne gothique de Frédéric Garnier ou encore le travail photographique de Mélanie Terrier, démontrant que la création contemporaine marseillaise a de beaux jours devant elle.
Anne-Valérie Gasc – Restricted area et Boum Blocs (Octobre-novembre à la Compagnie et à la VF Galerie)
Voulant « conquérir un territoire grâce à une attitude offensive directement inspirée des principes de l’armée », Anne-Valérie Gasc fait appel à un commando d’artistes et d’architectes pour s’approprier l’espace et valider le principe « détruire, c’est créer ». Résultat : une galerie transformée en bombe à retardement, des déflagrations en direct sous l’œil de spectateurs abasourdis et un pari réussi pour l’artiste qui cherche à « remettre en question les fondements établis, lutter contre l’inertie. »
Instants vidéo (Octobre-décembre)
Depuis plus de vingt ans, le festival montre la vidéo comme un art multiforme ne cessant d’interroger le monde. Avec cette nouvelle édition — mettant en œuvre une dynamique de liaison entre les espaces, les cultures, les sensibilités —, il affirme sa volonté de rompre avec l’ordre établi de la domination, c’est-à-dire avec une certaine distribution des corps, une configuration de l’espace, un mode du visible et du dicible, en tentant de les défaire et de les recomposer ensemble plus librement.
Bernard Plossu (Depuis octobre à la Galerie du Conseil Général et aux ABD Gaston Defferre)
Toujours d’actualité, ces deux expositions dédiées au photographe Bernard Plossu nous emmènent à la découverte des habitants et des divers modes de vie de notre région. Créées avec un véritable sens de la poésie et une grande sensibilité, ces séries photographiques forment — via une excursion de la ville de Marseille en autobus et une découverte des différentes ethnies et religions dans les Bouches-du-Rhône — un beau portrait de notre région dans toute sa diversité et sa personnalité.