Bilan jeux-videos 2010

Bilan jeux-videos 2010

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Red Dead Redemption + GTA IV : Episodes from Liberty City
(Rockstar Games – XBox360 & PS3)

La fascination provoquée par les westerns et notamment le meilleur d’entre eux, le jeu Red Dead Redemption, tient à la mise en scène d’une nature violente, qu’elle soit animale, minérale ou humaine : vulnérable, vous l’êtes, seul et à peine moins à plusieurs. Le cas GTA IV est assez comparable : une ville, réplique ultra-violente et ultra-individualiste de New York (« Liberty City ») devient le théâtre d’histoires d’hommes seuls ou d’amitiés fragilisées par les magouilles destinées à aménager le rêve américain (conquêtes faciles, bitures, intimidations, vol, tabassages, meurtres…). Interrogeant la civilisation occidentale, les jeux Rockstar Games sont devenus des classiques à peine sortis.

Limbo
(Playdead – Téléchargeable pour la XBox 360 sur la Xbox Live Arcade)

Comme il y a des « films d’auteur », Limbo est ce qu’on appellera bientôt un « jeu d’auteur », marqué par un graphisme perturbant (des silhouettes opaques évoluant dans un décor en noir et blanc), à l’instar de la violence sourde des pièges dont un tout-petit garçon est la cible (eaux profondes, pièges à loup, araignées géantes, scies circulaires…), tandis qu’il cherche à rejoindre sa grande sœur hors des « limbes » (quoi que cela puisse vouloir dire). Mais il fera sans doute davantage date pour ses choix courageux et assumés, et pour la polysémie de son discours, que pour l’expérience qu’il aura fait vivre aux joueurs, un peu trop minimaliste pour être marquante.

Super Meat Boy
(Team Meat – Téléchargeable sur la XBLA et bientôt en Wiiware, sur
Mac et PC)

Ce nouveau jeu à succès, ouvertement inspiré de Super Mario Bros et vendu en téléchargement, pourrait bien influencer pas mal d’éditeurs (tout comme Braid avant lui). En effet, alliant l’ouverture d’esprit des jeux indé (personnages et séquences burlesques, parfois scatologiques) à la précision redoutable de son best-seller de modèle, il dessine une autre voie pour l’excellence. Une voie dont seraient exclues les prouesses technologiques de la 3D et surtout les déroulements linéaires, sans challenge, sacrifiant l’apprentissage du joueur — c’est pourtant la véritable fonction du jeu — au profit d’aventures cinégéniques où le spectacle se passe très bien de son intervention (Mass Effect 2).

Heavy Rain
(Quantic Dream/Sony Europe – PS3)

Cataclysme purement médiatique sur le rapprochement du jeu vidéo et du cinéma destiné à remuer les esprits des institutions et des critiques, la sortie d’Heavy Rain aurait pourtant pu être davantage tournée vers les joueurs cinéphiles. Autrement dit, ceux qui se régale(ront) de son scénario bourré de surprises, mélange interactif de Seven et d’Old Boy, où l’on est parfois poussé à faire des choix monstrueux pour sauver le fils du héros (kidnappé par un tueur en série), où l’on devra incarner plusieurs personnages sans trop comprendre jusqu’à la fin dans quel but et où, enfin, on s’inquiétera sans cesse du destin que l’on donne à ses personnages selon ses actions.

Trials HD
(Red Lynx/Microsoft Games – Téléchargeable sur la XBLA)

Adaptation d’un logiciel PC/Mac gratuit, le jeu de motocross à obstacles, se dotant de graphismes enjolivés, d’explosions faramineuses et d’explosifs moqueurs (prêts à vous faire valdinguer si vous ratez un saut, par exemple), n’a guère changé dans le fond. Vu de profil sur une piste qu’il doit franchir aussi vite que possible, le joueur a le contrôle de la vitesse et de l’inclinaison du motard — entrainant celle de la moto. Sur ce principe digne des meilleurs jeux flash, Trials HD illustre à merveille l’adage selon lequel « quand tu rates, tu recommences » et nous fait à chaque fois payer notre désir de perfectionnement en nous soustrayant à la réalité un nombre d’heures imprévisible.

Demon’s Souls

(From Software – PS3)

Comment un jeu aussi obtus a t’il pu faire l’unanimité dans une rédaction aussi hétéroclite ? C’est que, lorsque l’intello Jonathan Suissa se lamentait sur sa peur d’avancer dans ses donjons et de gâcher la moindre potion de soin, le joueur branché Sébastien Valencia s’épanchait sur son désir ambigu de ce qui se présentait pour lui comme l’enseignement d’un père autoritaire mais aimant
(donc ferme), et le hardcore gamer Adrien Dauzet soulignait son orgueil tantôt exhibé tantôt ravalé face à des ennemis redoutables. Evitant soigneusement de ménager le joueur — placé dans l’inconfort et l’hostilité permanente, il mettait ainsi chacun face à soi, dans son rapport à l’adversité.