Bilan théâtre 2006

Bilan théâtre 2006

L’histoire de Ronald, le clown de Mac Donald
Il y a quelque chose de très satisfaisant dans le monde moderne
Elf, la pompe Afrique
La Veillée des Abysses
Entremets Entremots
Eraritjaritjaka, Musée des phrases
Adagios, fragments pour deux femmes
Cairn
Face au mur
Lulu Poppop

L’histoire de Ronald, le clown de Mac Donald de Rodrigo Garcia (du 3 au 6/05 à la Cartonnerie, Friche la Belle de Mai)
Trois acteurs prêts à toutes les métamorphoses, leurs corps engagés dans le démontage du rituel de la consommation frénétique et des sentiments monnayés. Les marques, la propagande politique, la manipulation publicitaire forment un champ de bataille qui nous attaque au ventre. Le Merlan poursuit là une programmation ambitieuse qui a amené à Marseille quelques-uns des plus spectacles marquants de ces dernières années.
Il y a quelque chose de très satisfaisant dans le monde moderne par la Cie Vol plané (du 21/03 au 8/04 au Lenche)
Prenez deux personnages burlesques dignes de Buster Keaton. Immergez-les au cœur des dérives du monde moderne : déferlement continu de l’information, culte de l’objet, peur de l’autre… Laissez mijoter. Résultat : un duo ébouriffant qui atteint peu à peu les sommets de la paranoïa. Une caricature de nos sociétés ? Faut voir…
Elf, la pompe Afrique par la Cie Un pas de côté (du 11 au 17/12 à la Minoterie)
Vous n’aviez rien compris au procès Elf ? Normal, la presse n’avait pas jugé utile de le couvrir entièrement. Nicolas Lambert, si. Quatre mois d’audience restitués dans un spectacle limpide, rapide et implacable, par un acteur qui incarne à lui seul tous les protagonistes : un regard sans concession sur les pratiques des hauts fonctionnaires, des élus, de l’Etat français en général.
La Veillée des Abysses par la Cie du Hanneton (du 16 au 21/10 au Gymnase)
Un spectacle littéralement envahi par la grâce. Instant sublime, instant magique. James Thiérrée réveille en nous cette attirance pour le rêve et l’oubli. Ce monde imaginaire, royaume des mimes et des clowns, absurde et lointain, est une passerelle magnifique (le mot est faible) pour de réelles retrouvailles avec l’art du spectacle vivant.
Entremets Entremots par la Cie Styx Théâtre (du 9/06 au 1/07 à la Campagne Pastré)
Depuis que Maïté s’est absentée des écrans, la France s’est retrouvée veuve en enseignement culinaire. C’était sans compter sur Noyelle et sa troupe qui, dans ce repas théâtral, nous mitonnent des plats de mots et des desserts de sens. Une des meilleures surprises de l’année…
Eraritjaritjaka, Musée des phrases (Les 12 & 13/06 à la Criée dans le cadre du Festival de Marseille)
Eraritjaritjaka : mot aborigène désignant le désir pour quelque chose qui s’est perdu. Sur scène, la musique du Mondriaan Quartet donne la réplique au magnifique André Wilms. Un théâtre musical qui se transforme en cinéma pour nous faire pénétrer dans la réclusion d’un homme. Heiner Goebbels pratique du sampling pour recomposer, en virtuose du montage, un chemin entre texte et musique.
Adagios, fragments pour deux femmes par le Théâtre de Ajmer (du 2 au 6/10 à la Friche La Belle de Mai)
Associé au Japonais Takahiro Natsui, le Marseillais Franck Dimech livre « un acte poétique universel » autour de la souffrance des femmes. Des mots crus, de sublimes corps mouvants, un mélange de désirs et de frustration font de ce projet une expérience théâtrale d’une étonnante richesse.
Cairn par la Cie Mises en scène (du 11 au 14/10 à la Minoterie)
Chaque scène résonne comme une claque. Le parcours de l’ouvrier syndicaliste Cairn, de l’enfance à la chute finale, mène inéluctablement vers l’échec et l’isolement. Baisser les bras ? Renoncer à la contestation ? Certainement pas. Admirablement servi par la rigoureuse mise en scène d’Agnès Régolo, le texte dense et lucide d’Enzo Cormann est un appel à résister à toutes les injustices.
Face au mur par Diphtong Cie (du 27/02 au 4/03 au Gymnase)
Comme des icônes de notre époque, les personnages de l’auteur britannique Martin Crimp défilent sur scène et témoignent de leurs fantasmes, de leurs obsessions et de leurs peurs. Sécurité, famille, argent : à travers la mise en scène très « fashion » d’Hubert Colas, l’absurdité et l’inhumanité des sociétés modernes apparaissent sans fard. Drôle et glaçant.
Lulu Poppop par le Badaboum Théâtre (jusqu’au 29/12 au Badaboum)
Badaboum ! Lulu Poppop débarque sur les planches et c’est la révolution ! Pas très grande, montée sur ressorts, Peter Pan au féminin, Lulu nous embarque dans ses aventures. Hautement jubilatoire, frais, inventif, revendicatif… Bref, du très bon. Pour les petits… et puis aussi pour les grands !