Moi et mon cheveu par la Cie La Part du Pauvre
Du 10 au 18/02 aux Bernardines et du 7 au 9/07 au Gymnase dans le cadre du Festival de Marseille
Reprenant des textes de Marie-Louise Bibish Mumbu, Eva Doumbia plonge dans les racines de l’émancipation féminine noire en décortiquant l’histoire du cheveu crépu. La pièce commence dans les loges où des femmes se tressent en se racontant mille histoires, qui finissent par n’en devenir qu’une. Car sous les tresses ou les perruques se cache une histoire commune, celle d’un peuple, de sa mise en esclavage, de sa colonisation, de son exil. Pour la découvrir, on s’installe alors dans la salle où danses africaines, chants brésiliens, textes et vidéos sont de mèche pour un cabaret capillaire explosif. Femmes noires et métisses, libérez vos cheveux et assumez vos différences !
A sec de François-Michel Pesenti par le Théâtre du Point Aveugle
Du 17 au 24/02 à la Cartonnerie et du 22 au 26/07 aux Bernardines
Sur un plateau presque désert, six hommes et femmes vont construire leurs personnages. Tous dans la force de leur âge, ils ont le regard qui brille, la voix qui clame, le cœur asséché de larmes mais toujours plein de désir, tandis que le nôtre se gonfle d’une émotion devenue trop rare. Tableau vivant sans narration, enfer dantesque où se débattent dans un rythme souterrain des hommes désespérés qui taisent tout autant leurs espoirs qu’ils crient à la gueule de l’autre leur amour solitaire, A sec évoque une histoire de l’humanité faite de fuites et de suites… Une pièce viscérale et aride à la fois, en un mot : vitale.
Cheval d’Antoine Defoort & Halory Goerger
Du 3 au 5/03 au Théâtre du Merlan
En collaboration avec Halory Goerger, le doux dingue bruxellois Antoine Defoort livre une performance délirante en forme de vaste blague. Fait de ficelles, au sens propre comme au figuré, et de « ricochets », s’amusant des concepts qui peuplent les discours de l’art aujourd’hui, le spectacle livre en creux une critique des dispositifs scéniques, et surtout du jargon « interactif » et « multimédia », utilisé à tout bout de champ. Ainsi se déploient des stratagèmes home made et old school, faisant du raté une posture presque revendiquée. Une source naturelle de bonheur bien frais.
Jr (Me, Myself and I) d’Olivier Maltinti par le Collectif Kati Bur
Du 5 au 7/05 au Théâtre de la Minoterie et jusqu’au 17/12 aux Bernardines
Décadent et cynique, politiquement incorrect et jubilatoire, le dernier spectacle d’Olivier Maltinti nous offre les dernières heures d’un capitaliste tout droit sorti de Dallas. Autour d’une simple question — A qui léguer toute sa fortune pour emmerder le maximum de gens ? — Junior dévoile toutes les turpitudes de sa vie très « Sex, drugs and rock’n’roll » dans une mise en scène qui marie intelligemment théâtre et musique. L’excès et les outrances tout comme la déchéance et la rédemption font de cet anti-héros un personnage attachant et cruel qu’on adore détester.
Cucinema par la Cie Laika et le Circo Ripopolo
Du 6 au 9/06 à la Cartonnerie
L’installation par table de six achevée, nous sommes happés par le démarrage d’un film muet à la façon des années 50 ; le spectacle peut enfin commencer… Soudain, les acteurs déchirent l’écran et le service prend vie sous nos yeux, tambour battant. Défilent les plats et des créations aussi inattendues que délicieuses. La cuisine sur deux étages cache d’infinies trouvailles et machines fabuleuses, transformant les aliments bruts en véritable festin pour les sens. Une performance truculente, esthétique et culinaire, que l’on déguste autant avec les papilles qu’avec les yeux.
Le Cid de Jules Massenet
Du 17 au 26/06 à l’Opéra de Marseille
A point nommé pour faire taire de bien malvenues critiques, Le Cid clôturait en beauté la saison lyrique avec Roberto Alagna, et une retransmission dans plus de trente pays. Captées par les caméras de Mezzo et les micros de France Musique, ces représentations étaient attendues avec le frémissement qui précède les grands rendez-vous. L’attente ne fut pas vaine, le duo formé par le ténor et Béatrice Uria-Monzon, au niveau duquel se montra Kimy McLaren en délicieuse infante, remporta brillamment l’adhésion des publics et vient même d’être élu « opéra de l’année » par les abonnés de la chaîne classique.
Le Quai des oubliés par le Théâtre Dromesko
Du 16 au 23/07 dans le cadre du festival Villeneuve en scène
Sous un chapiteau, Igor Dromesko met en scène un « cyclone ferroviaire ». Sur un quai, un violoncelliste débonnaire accompagne les fantaisies de trois voyageurs tandis qu’un cheminot zélé défend une certaine discipline. Paroles vives, ombres et hurlements des trains qui passent rythment les séquences. Les corps se chevauchent et s’insinuent : le dépit se glisse dans un tango jaloux et la tristesse se fond dans la consolation. Vibration, raideur, frénésie : le choc a son langage et le spectateur est saisi. Déplacements cocasses du caméléon, du singe et du paresseux… : le rire est aussi de la partie. L’inventivité de ce théâtre dansé nous fait sentir combien l’humour et la poésie partagent la même parenté.
Parlement (L’Encyclopédie de la parole) de Joris Lacoste
Les 13 et 14/09 à la Criée dans le cadre d’actOral
Attention, immense actrice : Emmanuelle Lafon fait de Parlement, performance satellite du projet Encyclopédie de la Parole de Joris Lacoste, un véritable one woman show… Dans un rythme haletant, elle part en vrille, glissant sans complexe d’un univers à l’autre grâce à un savant montage élaboré entre autres à partir de conversations quotidiennes, de dialogues de films, de spots de pub… Le tout dans une volonté de recenser de façon exhaustive tout ce qui relève de la communication verbale, créant souvent des coïncidences loin de tout hasard et généreuses de polysémie. Un slam archi contemporain et chic, drôle, affûté, plus qu’(im)pertinent.
Festival Préavis de désordre urbain
Du 19 au 24/09 à Marseille
Pour sa cinquième édition, le festival questionne la cartographie urbaine et sociale de Marseille. Durant une semaine, une cinquantaine d’artistes du monde entier envahissent la ville en y insérant des micros territoires d’expériences artistiques. On croise ainsi, au détour d’une rue, une lavandière dans une fontaine, un homme à tête d’œufs, une femme enceinte d’un poisson rouge ou des corps nus entremêlés. Des performances inattendues et déroutantes, loin de la culture formatée et marchande, diffusées directement dans le quotidien. Un festival qui perturbe, interroge et interpelle, où l’art vient à la rencontre du spectateur, et se fond avec le public.
Petit Pierre par la Cie Et Compagnie
Le 15/11 au Théâtre Antoine Vitez/ Aix
Au départ, un dispositif scénique intrigant, fait de plaques en alu dressées sur des tiges entre lesquelles circule une comédienne endossant plusieurs rôles. A l’arrivée, un véritable manège de bric et de broc finalement sophistiqué et des spectateurs sous le charme. Inspiré d’une histoire vraie, Petit Pierre met en parallèle la vie de Pierre Avezard — inventeur et artiste en herbe au physique disgracieux —, ses œuvres et des images d’archive de guerre à l’aide de découpages, de pliages d’objets et de projections. Face au progrès technique, la nature a encore son mot à dire, comprend-t-on. Et c’est tant mieux.
Crédits photos :
Franc?is Blaise
Amicale de production
Philippe Gromelle Orange
Christian Berthelot
Laurent Marro
Yann Marquis
Non Grata
Phile Deprez