Birdman de Alejandro González Iñárritu
La comédie de la vie
Avec Birdman, Alejandro González Iñárritu change de registre en insufflant un zeste de comédie et un soupçon de satire au drame qui habite son œuvre.
La satire d’Hollywood n’est certes pas une nouveauté au cinéma, comme en ont témoigné Le Bûcher des Vanités de Brian de Palma (1990) ou, plus récemment, Maps to The Stars de David Cronenberg (2014). Iñarritu n’en a pas volé ses quatre Oscars pour autant. Birdman est clairement une œuvre à tiroirs. Narrant la tentative de retour en grâce de Riggan Thomson (Michel Keaton) au théâtre, après avoir été célèbre pour un rôle de super-héros au cinéma (le fameux Birdman), le premier tiroir de la commode Iñarritu se situe dans le clin d’œil. La plupart des acteurs principaux du film ont en effet joué dans des films de super-héros, d’Emma Stone avec Spider-Man à Edward Norton pour Hulk en passant, bien sûr, par Michael Keaton avec Batman. Dans ce dernier rôle, l’acteur avait d’ailleurs été adulé par le public au début des années 90, avant de figurer dans des rôles secondaires. Il n’est donc pas difficile de voir dans Birdman une évocation de la rédemption de l’acteur à l’image de celle de son personnage. Le deuxième tiroir ouvert par le réalisateur se traduit par sa mise en scène. Rythmés par l’excellent batteur mexicain Antonio Sanchez, les plans-séquences s’enchaînent à une cadence infernale. Les longs mouvements de caméra collent sans cesse aux comédiens et à leurs échanges verbaux, comme un homme invisible nous indiquant à chaque moment ce qu’il faut voir et entendre, mais aussi comme une captation de théâtre. De spectacle vivant, il en est d’ailleurs plus que question dans Birdman, puisque l’histoire est centrée autour de l’adaptation d’une pièce de Raymond Carver que Riggan tente de monter à Broadway. Les scènes de la pièce commencent par être filmées en tant que répétitions pour finir, dans un même plan-séquence, en véritable avant-première. De même, le jeu des comédiens sur le plateau se révèle tout d’abord réaliste, avant d’être quelque peu surjoué dès que le public apparaît en second plan. En accélérant ainsi le temps, le réalisateur joue lui-même au super-héros, à l’instar de Riggan, dont l’ego le pousse dans une quête perpétuelle de reconnaissance artistique et publique. Attention à ne pas se brûler les ailes en chemin…
Guillaume Arias
Birdman de Alejandro González Iñárritu (Etats-Unis – 1h59), avec Michael Keaton, Zach Galifanakis, Edward Norton, Emma Stone, Naomi Watts…
Où le voir ?
-
Chambord : tous les jours en V.O.S.T à 14h, 16h30, 19h et 21h30
-
Madeleine : tous les jours en VF à 10h55, 13h35, 16h25 et 19h10, en V.O.S.T à 21h55
-
Plan-de-Campagne : tous les jours en VF à 10h45, 13h15, 15h45, 18h15 et 20h45
-
Renoir (Aix-en-Provence) : tous les jours en V.O.S.T à 14h10, 16h50, 19h20 et 21h45
-
Alhambra, à partir du 1/04
-
Chambord : tous les jours en V.O.S.T à 14h, 16h30, 19h et 21h30
-
Madeleine : tous les jours en VF à 10h55, 13h35, 16h25 et 19h10, en V.O.S.T à 21h55
-
Plan-de-Campagne : tous les jours en VF à 10h45, 13h15, 15h45, 18h15 et 20h45
-
Renoir (Aix-en-Provence) : tous les jours en V.O.S.T à 14h10, 16h50, 19h20 et 21h45
-
Alhambra, à partir du 1/04